coming outComing-out au travail : "Pour moi c'était une évidence"

Par Camille Chrétien le 17/04/2019
coming-out

Le coming-out au travail : ça passe ou ça casse. Jimmy, 35 ans, ne regrette pas une seconde de l'avoir fait. Depuis 12 ans, il est responsable informatique. À chaque nouvelle affectation, c'est une évidence : ses collègues doivent être au courant. Jimmy témoigne auprès de TÊTU.

"Au travail, je n'ai pas fait mon coming-out tout de suite. Les deux premiers mois, je disais 'avec mon ami, on va au restaurant ce soir'. Je laissais traîner des indices. Mais pour moi, c'était une évidence, je devais leur dire. Et un jour, j'ai annoncé clairement à mes collègues que j'avais un copain.

Avant ça, j'étais anxieux. Je me demandais si j’allais pouvoir parler librement un jour. Le midi, à la cantine, on me demandait ce que faisait ma copine. Je bafouillais une réponse. Ça me gênait de ne pas en parler. Finalement, j’ai juste eu à dire : 'Ce week-end, on est allés à la plage avec mon copain', et ils ont m’ont tous dit 'Aaaaah mais tu as un copain, on savait pas !'. Finalement, mon coming-out est passé tranquillement.

"Tous mes collègues sont au courant"

Je suis responsable informatique. Je forme les enseignants et les élèves aux nouvelles pratiques du numérique. J'aime beaucoup mon métier, c'était important pour moi de m'y sentir bien à tous les niveaux.

En 12 ans, j’ai travaillé dans cinq collèges différents. À chaque fois, c'est le même scénario : je le glisse dans la conversation au moment opportun. Ça se passe naturellement. Tous mes collègues savent que je suis gay. Je crois que les élèves aussi, même si je n'en ai jamais discuté avec eux.  

Parfois, mes collègues viennent me demander conseil : 'Je crois que mon fils est gay et je ne sais pas si je dois aborder la question'. On discute ensemble de leur situation et je leur raconte mon vécu. Mon coming-out auprès de mes parents. Ils sont curieux de mon expérience. Je leur dit de ne pas forcer les choses et de rassurer leurs enfants au maximum. Ça me fait plaisir que mes collègues se tournent vers moi en cas d'interrogation.

Pas une seule expérience négative en 12 ans

Si ça se passe bien pour moi, je comprends tout à fait que d'autres ne le fassent pas. C'est le cas de mon conjoint. Il est infirmier libéral dans notre village et aux alentours. Il travaille avec des personnes âgées qui ne voient pas toujours l'homosexualité d'un bon oeil. Certaines sont un peu 'vieille France'. On habite dans une très petite commune d'environ 700 habitants, près d’Angoulême, tout le monde nous connait. On nous apprécie. Mais il ne veut pas le dire. C'est son choix et je le respecte.

A LIRE AUSSI : Quand les LGBT vivent l'enfer au travail 

Si je continue à faire mon coming-out à chaque fois que je change d'affectation, c'est parce que j'ai besoin de m’affirmer. Tous mes collègues parlent de leurs conjoints et de leur vie de famille en permanence. Ça m’embêterait de ne pas pouvoir le faire.

Aujourd’hui, je travaille dans deux collèges différents en Charente. Je côtoie quotidiennement 1.000 élèves, une centaine d’enseignants et une cinquantaine de personnels de service. Je n'ai jamais eu une seule expérience négative, j'ai l'impression de vivre dans un cocon."

https://tetu.com/2019/04/16/tetu-connect-cest-en-creant-des-entreprises-inclusives-quon-genere-plus-de-croissance/

Propos recueillis par Camille Chrétien.

Crédit photo Jimmy G.