A Renault-Sandouville, la lutte contre l’homophobie a un visage

Damien Bouillon est devenu référent LGBT pour l’usine de Sandouville. Une première.

 Sandouville (Seine-Maritime). Damien Bouillon est chargé d’accompagner celles et ceux qui seraient confrontés à des comportements déplacés, voire des agressions homophobes, sur leur lieu de travail.
Sandouville (Seine-Maritime). Damien Bouillon est chargé d’accompagner celles et ceux qui seraient confrontés à des comportements déplacés, voire des agressions homophobes, sur leur lieu de travail. DR

    Depuis la fin de l'année dernière, l'usine Renault de Sandouville (Seine-Maritime) a nommé un référent LGBT + pour lutter contre l' homophobie. Une première pour le constructeur automobile français. Une nomination qui coïncidait avec les révélations d'un grave incident dont avait été victime un opérateur de l'usine de Cléon (Seine-Maritime). « Mais je ne pense pas que ce soit directement lié », indique Damien Bouillon, qui s'est porté candidat pour remplir cette fonction. « Le projet était dans les tuyaux depuis un moment. Ça a peut-être accéléré le processus ».

    Lui est rentré chez Renault il y a 23 ans comme opérateur avant de gravir les échelons pour devenir chef d'atelier projets. Et à l'époque, évoquer son homosexualité n'était pas vraiment une option. « Il y avait la peur des brimades, des réflexions. L'ancienne génération n'était pas tendre. Je me suis fait discret car j'avais peur que cela freine ma carrière ».

    «Pas toujours simple de faire son coming out au travail»

    Son mariage en mars 2014, l'un des premiers entre deux hommes dans la région, l'oblige à se découvrir davantage. « Certains de mes plus proches collègues étaient au courant, mais là en quelque sorte, c'est devenu public. Et j'ai eu droit à quelques réflexions, mais j'ai vite calmé le jeu. Je n'étais plus un petit jeune qui arrivait. L'expérience aide à se faire respecter ».

    Pas vraiment militant de la cause LGBT, s'il a décidé à 46 ans de devenir référent, c'est surtout pour être un interlocuteur bien visible, épaulé notamment par FO sans être encarté, pour celles et ceux qui seraient confrontés à des comportements déplacés, voire des agressions. « On pense que les mentalités évoluent. Mais le débat sur le mariage pour tous a montré que les a priori demeurent et que ce n'est pas toujours simple de faire son « coming out » au travail ».

    Il n'empêche, depuis sa nomination, plusieurs de ses collègues, hommes ou femmes, ont choisi de révéler leur homosexualité. Des prises de position qui touchent Damien Bouillon, veuf depuis deux ans et qui imagine que son époux « aurait été fier » de ses nouvelles fonctions.