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Typographes, graphistes, artistes… Ces « hacktivistes » qui inventent une langue sans féminin ni masculin

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Publié le 18 juin 2021 à 14h44, modifié le 19 juin 2021 à 18h20

Temps de Lecture 14 min.

Carnet de recherches du graphiste Tristan Bartolini sur l’alphabet épicène.

Il y a foule, ce jour de mai, devant les portes du Mudac, le renommé Musée de design et d’arts appliqués contemporains de Lausanne. Surtout des jeunes au look d’étudiants en art, mais aussi un public plus âgé, bon teint, qui a atterri là à la faveur de la réouverture des musées, sans trop savoir ce qu’il allait découvrir. A l’entrée s’affiche le dégradé du drapeau arc-en-ciel, modifié par le graphiste américain Daniel Quasar en 2018, pour inclure, sous la bannière historique des LGBT, les couleurs de la fierté transgenre et des communautés LGBTQIA+.

Dans la première salle, sur de grandes tentures accrochées devant des panneaux lumineux, sont imprimés en grosses lettres des pronoms, comme échappés d’une grammaire imaginaire : « iel » ou « celleux ». Pour la première fois, l’exposition, « Subversif·ive·s – graphisme, genre et pouvoir », rassemble les travaux de designers s’intéressant aux relations entre genre et typographie.

Un projet révolutionnaire

Nous sommes seulement à quatre heures de train de Paris, et pourtant, le petit monde qui parcourt le Mudac ce jour-là semble à des années-lumière de la France de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, qui diffusait le 6 mai une circulaire visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive à l’école. Alors que chez nos voisins francophones, en Suisse et en Belgique, l’écriture inclusive gagne de plus en plus de terrain dans les administrations, les universités ou encore les médias, du côté de l’Hexagone, la crispation semble complète. La droite en a fait son nouveau cheval de bataille dénonçant une entreprise de déconstruction d’une splendeur passée.

Ils sont suisses, belges, mais aussi français, étudiants ou professeurs en école de design, typographes, artistes, pour certains, militants de la question du genre… et ils inventent, dans leur coin ou au sein de collectifs, un autre français. Leur idée n’est pas de travailler à la féminisation des mots, d’écrire « cheffe » et « autrice » ou encore de ponctuer les textes de points médians, ce signe typographique que l’on utilise au pluriel pour rendre visible la présence du féminin au sein d’un groupe (comme dans « étudiant.e.s »).

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés « L’écriture inclusive se retrouve réduite, à tort, au point médian »

Le projet, bien plus révolutionnaire, consiste à chercher comment, avec les outils de la typographie, faire émerger une nouvelle langue française qui se serait débarrassée du féminin et du masculin pour qualifier les personnes, en fusionnant des lettres, en inventant de nouveaux signes. Et donc de matérialiser dans la langue française l’existence de minorités habituellement balayées sous le tapis, à la fois par la société et par la langue.

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