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Chiga, owner of the all woman bar 'Gold Finger' walking in the 'Golden Gia' area of Shinjuku, Tokyo.
MICHEL DELSOL

« Une double vie est préférable » : de lentes avancées pour les LGBT+ japonais

Par  (Tokyo, correspondant)
Publié le 26 juillet 2021 à 15h43, modifié le 27 juillet 2021 à 19h30

Temps de Lecture 6 min.

Comme le reste du monde de la nuit à Tokyo, Nichome, le quartier gay et lesbien de l’arrondissement de Shinjuku, est morne. Nouvelle vague de contamination par le Covid-19 oblige. Espace trapézoïdal de 250 mètres de côté, il rassemble plus de 200 bars, cabarets, gays ou lesbiens, cafés, saunas, bistrots et sex-shops qui s’égrènent le long de la rue principale et des ruelles perpendiculaires, ou d’étage en étage dans les immeubles. Minuscules, les bars sont un lieu de rencontre mais aussi un espace d’épanchement.

Pour beaucoup de gays, la fréquentation de Nichome, en dépit de son caractère hypersexué et commercial, marque une prise de conscience identitaire. « La diversité a toujours été acceptée à Shinjuku », dit Junko Mitsuhashi, transgenre qui hanta les nuits du quartier dans les années 1980-2000 avant de devenir lectrice spécialisée dans l’histoire du genre au Japon à l’université Meiji à Tokyo.

Avant la pandémie, les soirées d’été à Nichome avaient un côté carnavalesque : des groupes s’agglutinaient devant les cafés pour boire et chahuter, tandis que des drag-queens prenaient la rue pour podium de leurs extravagances. Le quartier était devenu un « territoire de survisibilité » des minorités sexuelles. Figurant dans les guides touristiques, c’était une étape des tours du Tokyo by night – faisant fuir vers d’autres lieux les adeptes de la discrétion.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La longue marche du mouvement LGBT au Japon

Non loin de Nichome, Pride House Tokyo a ouvert ses bureaux ornés de bannières arc-en-ciel en octobre 2020. Centre de convivialité et d’information sur le mouvement LGBT+, Pride House, soutenu par une vingtaine d’ambassades étrangères au Japon, voulait tirer parti des Jeux olympiques pour mettre en avant le principe de non-discrimination en fonction des orientations sexuelles, inscrit dans la charte olympique. Equal Marriage Alliance (EMA) Japan milite également en ce sens, espérant que l’Archipel, dernier pays du G7 à ne pas reconnaître le mariage gay, suivra l’exemple de Taïwan qui l’a autorisé en 2019.

Une soirée à l’occasion des 25 ans du bar lesbien Gold Finger, dans le quartier de Nichome, à Tokyo, le 16 janvier 2016.

Pour paraître civilisé aux yeux de l’Occident, le Japon épousa l’obsessive distinction du normal et du pathologique

L’histoire de Nichome reflète les transformations de la planète des minorités sexuelles dans l’Archipel. Quartier de prostitution féminine déserté à la suite de l’entrée en vigueur de la loi interdisant le commerce du sexe en 1958, il avait été investi par des travestis exerçant les mêmes activités avant de devenir un discret quartier de bars gay, rappelle Junko Mitsuhashi.

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