« L’amour est dans le pré » : « Notre mariage sera simple, à notre image », annoncent Mathieu et Alexandre
INTERVIEW•Mathieu et Alexandre, qui forment l’un des couples emblématiques de la saison 15 de l'émission de M6, ont répondu aux questions de « 20 Minutes »Propos recueillis par Fabien Randanne
L'essentiel
- La quinzième saison de L’amour est dans le pré a pris fin lundi sur M6.
- Au cours de cet ultime bilan, Mathieu a demandé à Alexandre de l’épouser.
- Les deux hommes, qui ont fixé la date du mariage au 12 juin, racontent à 20 Minutes les bons et les mauvais côtés de leur participation à l’émission.
Cette demande en mariage, vous l’aviez mûrement réfléchie ?
Mathieu : J’ai préparé ce petit coup en douce. Ni la production, ni Karine Le Marchand, ni ma famille n’étaient au courant. Pour tout dire, Alexandre a eu un très grave accident début août. Il était parti au boulot à 4 h du matin, direction Marseille. A 8 h 30, j’ai ressenti une bouffée d’angoisse, un truc de malade, comme si je sentais que quelque chose allait arriver. Je lui ai envoyé un SMS – on l’a gardé d’ailleurs, on va l’imprimer et l’encadrer – dans lequel je lui disais que j’avais peur pour lui. Il m’a répondu de ne pas m’inquiéter. Une demi-heure après, j’ai reçu un coup de fil m’annonçant qu’Alex avait chuté de cheval et souffrait d’une triple facture du bras. Il est resté plusieurs jours à l’hôpital, il a été opéré. Il est désormais inapte aux courses [Alexandre était jockey]. Quand il arrive quelque chose comme ça où tu sens que tu peux perdre la personne que tu aimes, ça fait un électrochoc. Je me suis dit : « Nom d’une pipe, j’ai déjà une maladie et, si ça se trouve, lui partira avant moi à cause d’un accident comme ça. » J’ai donc décidé à ce moment-là de l’épouser et de lui faire ma demande lors du tournage du bilan parce que ça s’y prêtait bien.
Alexandre, cela vous a bouleversé…
Alexandre : Je ne m’y attendais pas du tout. Ça a été un choc. Mes larmes étaient des larmes de joie mais aussi de tristesse. J’étais heureux de sa demande. Mais d’un autre côté, je me demandais si je le méritais vraiment.Vous avez déjà calé la date du mariage ? Vous attendez le vaccin contre le Covid-19 ?
Mathieu : Ce sera le 12 juin, on n’obligera personne à venir. Ceux qui ne viendront pas, on ne leur parlera plus, c’est tout. (sourire) On veut faire quelque chose avec des chevaux, d’un peu traditionnel mais pas cucul la praline. Ce sera un mariage simple, efficace, campagne, à notre image.
Entre vous, les choses n’auront pas traîné. « L’Amour est dans le pré » a bouleversé votre vie, ce n’est pas exagéré de le dire ?
Mathieu : Plus celle d’Alex parce qu’il a tout quitté pour venir s’installer chez moi. Beaucoup de gens disent que c’est très rapide. Mais il faut savoir ce que c’est de vivre une telle aventure. Je pense qu’on tombe amoureux dix fois plus vite, parce que c’est tellement intense. Il ne s’est peut-être écoulé que six mois mais on a l’impression qu’il s’est passé trois ans.
Comment réagissent les gens autour de vous ? Ceux que vous rencontrez ?
Alexandre : Mes proches sont positifs. Avec les gens dans la rue, pareil, ce n’est que du positif. Après, au niveau des commentaires [sur Internet], il y a des personnes qui sont contre…
Mathieu : Dans un des derniers épisodes, M6 a eu ce courage, qui m’a fait plaisir, de nous montrer en train de nous embrasser. J’avais oublié qu’on s’était embrassés devant la caméra, parce qu’elle était à ce moment-là assez loin, à 30 ou 40 m. Il y avait le vent, la bouteille de rosé… Tu oublies qu’elle est là. Je ne suis pas persuadé que ça a été très courant jusque-là que deux mecs se roulent un patin en prime time. L’après diffusion a été compliquée. On a reçu une salve de messages homophobes. Autant au début de l’émission, je me disais que les gens étaient bienveillants, qu’on avait passé un cap avec l’homosexualité, autant là, je me suis rendu compte qu’on n’avait pas encore gagné la bataille. C’était hyperviolent.
Mathieu : C’est vraiment ça, c’est suite à ce baiser qui a par ailleurs été relayé par M6 sur les réseaux sociaux. Ça a fait un déclic chez les homophobes de tous bords. On nous menaçait de châtiments. Je ne m’attendais pas à autant de violence. J’enjoins M6, si un jour il y a un ou une autre homo dans l’émission, de bien s’assurer que cette personne ait le cuir solide et la capacité psychologique de faire face à ça parce que c’est violent.
Vous disiez vouloir aider, en participant à l’émission, les homos qui redoutent de faire leur coming-out…
Mathieu : Cette semaine, il y en a qui m’ont envoyé des messages me disant : « Vous voyez, on a bien fait de ne pas faire notre coming-out. » Autant la participation d’un gay peut faire avancer les choses, autant la réaction des homophobes les freinent et les confortent dans l’idée qu’ils ont raison de ne rien dire. Et ça, ça m’embête. L’autre jour, Karine [Le Marchand] m’a envoyé un message en me disant de ne pas lire tout ce qui se dit. Je lui ai répondu que j’avais la couenne dure. Mais ça m’attaque par rapport à Alex et par rapport à ces gens qui se disent « On ne va pas faire notre coming-out parce que sinon, on va s’en prendre plein la gueule ». Et ça me casse les bonbons.
Et avec les autres agriculteurs de cette saison, ça se passe bien ?
Mathieu : Extraordinairement bien. Je les ai remerciés parce que j’ai eu peur… J’ai redouté que deux d’entre eux soient homophobes parce qu’ils n’avaient pas répondu à un SMS que je leur avais envoyé. C’est bête, hein, mais quand on fait partie d’une minorité, on se fait vite des films. Et en fait, pas du tout ! Ces deux-là, Eric l’Auvergnat et Eric le chevrier, sont ceux qui m’ont fait le plus de bisous et le plus serré dans leurs bras. Avec les agriculteurs de cette saison, on se parle tous les jours sur les réseaux.
Vous parliez du milieu de la manade comme d’un monde très machiste. Vos apparitions à la télévision ne créent pas de remous ?
Mathieu : Je vis une période compliquée avec mon associé [Jordan]. Lui, il en bave parce qu’on lui tire dans les pattes. Et moi j’en bave parce que je trouve qu’il ne prend pas assez ma défense. Je suis persuadé que l’émission nous fera du bien, parce que commercialement parlant, il y a des choses qui sont en train de se développer. Donc il va vite se rendre compte que c’était utile. Mais l’entre-deux est compliqué.
Alexandre : Jordan est quelqu’un de réservé. La médiatisation l’a un peu bloqué. Il verra, quand on organisera des journées, que les gens veulent venir découvrir ce milieu, il sera content. Mais tant qu’il n’y a rien de concret et comme certaines personnes parlent de nous en mal, il n’aime pas trop ça, il ne sait pas comment le gérer.
Mathieu : En plus, ce qu’il s’est passé c’est que, dans une interview, j’ai dit que je n’aimais pas les corridas. L’Alliance anti-corridas a fait une espèce d’article énorme en me faisant passer pour un militant anti-corridas, ce que je ne suis pas. Ça a fait un bad-buzz terrible dans le milieu, ça a été très dur à tenir. On a été à deux doigts de se prendre la tête avec Jordan, donc ça a été compliqué. Je passe une période pas super agréable.
Comment appréhendez-vous la fin de la diffusion de « L’amour est dans le pré » ?
Mathieu : On a un peu les boules parce que c’est une aventure qui s’arrête, c’est intense. Ça fait un pincement au cœur. Avec Alex, on en avait marre de cacher qu’on est ensemble, on a réuni nos Instagram, on veut montrer qu’on est un couple qui s’aime, faire passer un message sur la différence d’âge… Il y a aussi des choses qui se développent avec les anciens candidats. C’est une deuxième vie qui arrive, tout aussi agréable et moins médiatisée.