cinémaPour John Cameron Mitchell, "Hedwig and the Angry Inch" n'est pas un personnage transgenre

Par têtu· le 05/07/2019
Hedwig and the Angry Inch

Pour le réalisateur John Cameron Mitchell, la trajectoire de son personnage d'Hedwig n'est pas celle d'une personne trans', malgré son opération de réassignation.

C'est une icône rock et queer majeure. Le personnage d'Hedwig, de la comédie musicale "Hedwig and the Angry Inch", a un parcours atypique. Il lui a longtemps valu d'être considéré comme un personnage de fiction transgenre. Dans une interview pour le podcast LGBTQ&A, le réalisateur John Cameron Mitchell - qui a adapté ce récit et incarné ce personnage au cinéma en 2001 - s'oppose à cette lecture.

Sans spoiler l'intégralité de l'histoire, Hedwig, star punk, naît Hansel et tombe amoureux.se de Luther, un soldat américain. Le couple décide de fuir l'Allemagne de l'Est, mais doit d'abord se marier pour qu'Hansel puisse être le bienvenu sur le territoire américain. Afin que l'union puisse être célébrée, Hedwig subit une opération de réassignation sexuelle (qui rate, et lui laisse une vilaine cicatrice "the angry inch") et prend le prénom et le passeport de sa mère.

"Forcée dans la 'binarchie'"

C'est cette contrainte qui fait dire à John Cameron Mitchell qu'Hedwig n'est pas une femme transgenre. "Dans ce cas précis, il ne s'agit pas du choix d'une personne trans' de se trouver et se définir par elle-même, explique l'acteur et réalisateur. Ce personnage a été violé, mutilé et forcé à une réassignation de genre contre son gré."

Il rappelle que le maquillage, la perruque et le persona d'Hedwig est construit après le traumatisme de l'opération, contrainte et ratée. "Elle est forcée de rentrer dans ce que j'appelle la 'binarchie' et qui émane du patriarcat, continue le réalisateur de "Shortbus" et "How to Talk to Girls at Parties", décrivant une dictature de la binarité. Pour être un homme, il faut faire ci. Pour être une femme, il faut faire ça. Et pour être libre, il faut être l'un ou l'autre. 

Il conclut au sujet de son film : "Je ne pense pas qu'il s'agit d'aucune façon d'un manifeste trans'. C'est un manifeste de survivant."

Crédit photo : Metropolitan Filmexport