LGBT+ - En mai 2017, Chelsea Manning retrouvait sa liberté. La lanceuse d’alerte, ancienne informatrice de Wikileaks, est pourtant retournée deux fois en prison en 2019, en mars puis en mai, pour son refus de coopérer sur l’affaire Julian Assange. Ce mercredi 30 octobre, le documentaire “XY Chelsea”, réalisé par Tim Travers Hawkins, revient sur son parcours.
“XY Chelsea” (du nom de son compte Twitter) dresse le portrait de la jeune femme de 31 ans à travers plusieurs étapes de sa vie: son enfance difficile, son engagement dans l’armée, sa transition de genre, mais aussi ses années passées en prison pendant lesquelles elle a vécu un véritable calvaire.
En 2016, la lanceuse d’alerte, graciée par Barack Obama avant d’être de nouveau incarcérée, a notamment fait deux tentatives de suicide. Un cas qui n’est pas isolé pour les personnes transgenres.
“Depuis le jour de sa garde à vue, Chelsea a subi les conséquences de son isolement - ce qui inclut une tentative de suicide - et elle s’est vue refuser l’accès à des soins médicaux nécessaires”, déclarait en 2017 son avocat Chase Strangio.
Traitement hormonal et grève de la faim
Après sa condamnation à 35 ans de prison, la lanceuse d’alerte avait annoncé que son identité de genre était celle d’une femme. Elle avait alors entamé un combat judiciaire pour obtenir de l’administration militaire le droit de recevoir le traitement hormonal nécessaire. ”À partir de maintenant, pour cette nouvelle phase de ma vie, je veux que tout le monde sache qui je suis vraiment. Je suis Chelsea Manning, je suis une femme”, avait-elle déclaré dans une brève déclaration lue sur NBC, en présence de son avocat David Coombs.
C’est en février 2015, soit près d’un an après avoir obtenu l’aval d’un juge pour changer son prénom et deux ans après sa condamnation, que Chelsea Manning remporte une grande victoire. L’armée annonce qu’elle lui fournira, dans sa prison, le traitement hormonal qu’elle demande.
Ce n’est que le mois suivant qu’elle obtient de la Cour d’appel de l’armée américaine d’être désignée par des pronoms féminins ou neutres.
Ce qui est loin de mettre un terme à son mal-être. Il lui a fallu 5 jours de grève de la faim pour qu’elle puisse obtenir, en septembre 2016, le droit de se faire opérer.
“Tout ce que je voulais, c’est qu’ils me laissent être moi-même”, soulignait-elle. Chelsea Manning demandait ainsi également le droit d’avoir les cheveux plus longs que les 5 centimètres réglementaires.
Prison pour hommes
Car Chelsea Manning était détenue à l’isolement dans une prison pour hommes, le Fort de Leavenworth, une prison militaire dans le Kansas. Ce qu’elle vivait très mal. Deux mois plus tôt, en juillet 2016, l’ancienne taupe de Wikileaks était hospitalisée après une tentative de suicide. Elle tentait une deuxième fois de se donner la mort en novembre de la même année. Une détresse qui a pu peser dans la décision de Barack Obama, en 2016, de commuer sa peine.
Le cas Chelsea Manning est particulier, car il n’implique pas seulement l’univers carcéral, mais aussi l’armée. Lorsqu’elle a été arrêtée en 2013, les personnes trans n’avaient en effet pas le droit de servir dans l’armée. Une interdiction qui a pris fin en juin 2016. Pendant ses années de détention, se sont donc chevauchées les réticences de l’armée et celles de l’univers carcéral.
Agressions sexuelles
Mais on sait cependant que, armée ou pas, les personnes trans vivent une véritable galère en prison. Notamment, les femmes trans courent beaucoup plus de risques de harcèlement et agressions sexuelles de la part des détenus et employés que les autres. Au début de l’année 2016, une femme trans affirmait avoir été violée et abusée plus de 2000 fois au sein de sa prison pour hommes.
Petit à petit, la situation évolue aux États-Unis. Des cas comme celui d’Ashley Diamond, une femme trans également incarcérée dans une prison pour hommes, ont permis de mettre en lumière la situation déplorable des individus trans.
En France, la situation des individus transgenres n’est pas meilleure. Une enquête de Street Press montre en effet que les femmes trans subissent insultes et moqueries au quotidien, des refus de soin, ont du mal à obtenir leurs traitements hormonaux. C’est ce qu’a d’ailleurs pu constater récemment Le HuffPost, qui a rencontré Ravani, une femme trans enfermée dans une prison pour hommes.
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