coming outLe champion de ski Alpin Hig Roberts fait son coming out

Par têtu· le 14/12/2020
Hig Roberts

Hig Roberts, champion de ski américain vient de faire son coming out médiatique dans Out Magazine et le New York Times. Une première dans le ski alpin.

C'est le tout premier coming out de l'histoire du ski alpin professionnel. Hig Roberts, l'un des meilleurs skieurs américains actuellement, vient d'annoncer son homosexualité dans deux interviews publiées le même jour : une pour le magazine LGBT+ Out Magazine et une pour le généraliste New York Times. Il devient ainsi le premier skieur de l'équipe nationale et le premier skieur alpin à avoir participé aux championnats du monde à faire son coming out.

"Ne pas être out m'a enlevé beaucoup de joie dans la vie, regrette-t-il auprès de Out Magazine. Parfois, je me tenais sur le podium, avec des titres nationaux, et je me sentais quand même déprimé. J'étais hébété par l'angoisse que je ressentais. Je ne dormais pas, j'avais des crises d'angoisses, des moments d'extrême dépression. J'ai du cacher tout ça à mes équipiers et à mes coaches." 

Surcompensation

"Je ne savais pas comment faire exister l'homosexualité dans les espaces que j'aimais, et celui dans lequel je m'étais trouvé : le sport. Je n'étais pas sûr que ce que je ressentais était similaire à ce que je pensais être l'homosexualité à l'époque. C'est une des raisons qui m'ont poussé à faire mon coming out aujourd'hui, en tant qu'athlète. La visibilité des athlètes LGBTQ+ est très réduite. Il n'y a pas eu beaucoup de représentations, et notamment dans le ski alpin, un sport très masculin, agressif, et basé sur la force." 

C'est d'ailleurs à cause de la violence de la discipline que le skieur, plusieurs fois champion des Etats-Unis, a eu des difficultés à faire son coming out. Plus, jeune, il a beaucoup lutté pour se faire une place dans le sport.  "J'étais le plus petit de mon équipe", confie-t-il. "Ça a construit mon approche du sport, avec beaucoup de cran et de ténacité, parce que je devais faire mes preuves, compenser ma petite taille, le manque de dominance que j'avais sur le terrain de hockey ou la piste de ski."

"J'ai développé des attitudes de surcompensation, et fait énormément d'efforts" pour être comme les autres, raconte-t-il. "Je ne pensais pas vraiment que je pouvais être gay et réussir dans un sport aussi masculin. Je me sentais piégé par une série de règles implicites de masculinité que le monde athlétique m'a apprise à un très jeune âge." 

Des JO difficiles

Mais le skieur confie également s'être senti "mis en sourdine" lors des Jeux Olympiques d'hiver à Pyeongchang, en 2018. Cette année là, 15 athlètes ouvertement LGBT+ participaient à la célèbre compétition. On comptait notamment Gus Kenworthy, le skieur acrobatique, Adam Rippon, le patineur. A l'époque, Guillaume Cizeron, qui a fait son coming out dans les colonnes de TÊTU en 2020, n'était pas encore publiquement out. Et Hig Roberts, encore moins, puisque son équipe n'était même pas au courant.

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"Les athlètes n'ont pas le droit de montrer le moindre engagement politique. On ne peut pas utiliser cette visibilité pour autre chose que le sport", explique l'athlète. "Je devais seulement me sentir chanceux d'être là." Il confie avoir entendu beaucoup d'homophobie ordinaire,  "des choses qui ne me laissaient pas croire que je pouvais continuer ma carrière comme un homme gay identifié", et a a craint de perdre ses sponsors.

A un an de la retraite, le skieur a donc décidé de mettre ses doutes dans le placard qui l'a longtemps retenu, et adresse un conseil aux athlètes LGBT+ : soyez heureux. "Je veux qu'il soit possible pour les athlètes et les plus jeunes qu'il y a des gens qui ressentent la même chose. C'est votre voyage, votre agenda, mais vous pouvez changer votre histoire. Et si vous avez peur de le faire, ça ne fait pas de vous un lâche. Vous n'êtes pas faible."