Le tahini, une crème de sésame, est l'un des ingrédients phares de la cuisine du Levant. Les foodies l'ont même identifié comme le «prochain houmous», bientôt dans toutes les cuisines des gourmets. C'est aussi, depuis 48 heures en Israël, un étonnant symbole de la lutte LGBT, au cœur d'un psychodrame qui déchire la communauté arabe palestinienne.
Début juin, Julia Zohar, patronne arabe chrétienne de Nazareth, annonce que sa florissante entreprise, Al Arz Tahini, s'engage à financer une hotline spécifiquement dédiée aux jeunes homos, bi ou trans palestiniens en détresse. Le projet, piloté par l'Aguda, l'association historique des droits LGBT en Israël, est transgressif : c'est la première fois qu'une figure arabe du monde des affaires s'engage publiquement pour cette cause.
Sur le moment, l'annonce passe inaperçue. Quelques semaines plus tard, un certain Muaz al-Khatib, traducteur à Jérusalem, lance un appel au boycott des produits Al Arz, accusé d'encourager «les déviances dans la société palestinienne». Dans la foulée, les vidéos d'épiciers et de quidams jetant les boîtes de tahini de la marque dans des bennes se multiplient. Une chaîne arabe de supermarchés comptant une dizaine de succursales annonce avoir retiré la sauce impie de ses rayons. Les blagues aussi douteuses que virales fusent, du genre «pas de tahini sur mes falafels, j'suis hétéro !»
Complot
La riposte, en soutien à la marque Al Arz, se met en place simultanément. Un supermarché de Kafar Yassi