Drapeau LGBT + dans les signatures des courriels, formations sur la diversité, questionnaires sur la transidentité… Certaines multinationales françaises imposent une vision politique à leurs employés et donnent une dimension communautariste à l’entreprise.
Paul*, 38 ans, travaille au département des ressources humaines de la filiale française d’un grand groupe anglo-saxon. Jusqu’à présent, il plébiscitait les politiques de diversité : lutter contre les discriminations ne pouvait qu’être un plus pour l’entreprise. Mais, en l’espace de quelques mois, cette question a pris une tournure politique. « Ma chef m’a interrogé sur le sigle LGBT +. Comme je ne savais pas définir le terme de “queer”, elle m’a conseillé très fortement d’avoir une formation sur le sujet » s’étonne le salarié. Et de raconter : « Lors du mois des fiertés, tous nos portables professionnels ont eu pour écran d’accueil le drapeau LGBT +. Un collègue a téléchargé une autre image à la place, il a reçu une remarque d’une de ses responsables. »
Poussée au paroxysme, la politique de l’inclusion et de la diversité contraint les salariés à intégrer les valeurs arc-en-ciel au même titre que celles de leur groupe. En promouvant les minorités, des employeurs imposent à leurs salariés des idées politiques loin d’une approche universaliste classique : « On attend d’une entreprise que, telle une personnalité politique, elle soit cohérente avec les principes qu’elle affiche, mais aussi qu’elle ait quelque chose à dire sur tout. L’enjeu n’est plus seulement d’apparaître comme une “entreprise citoyenne” au programme RSE [responsabilité sociétale des entreprises] exemplaire, mais bien de savoir prendre position sur des sujets de société clivants », explique David Nguyen, directeur conseil au département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, dans une tribune publiée dans le magazine Stratégies en avril 2019.