homosexualitéIl n'y a pas de "gène de l'homosexualité", confirme la plus grande étude ADN jamais réalisée

Par têtu· le 30/08/2019
Le drapeau LGBT+ aux couleurs de l'arc-en-ciel

Comme être petit ou grand, ou plus ou moins intelligent, aimer les hommes ou les femmes n'est pas défini par un seul gène, selon une grande étude publiée récemment.

C'est la conclusion d'une analyse réalisée sur un demi-million de profils ADN par un groupe de chercheurs en Europe et aux États-Unis : il n'existe pas de "gène de l'homosexualité". Les résultats de cette étude ont été publiés jeudi 29 août dans la prestigieuse revue Science.

"Il est de facto impossible de prédire l'orientation sexuelle d'une personne d'après son génome", affirme Ben Neale, membre du Broad Institute d'Harvard et du MIT, l'une des nombreuses institutions dont sont issus les auteurs.

En revanche, l'orientation sexuelle a bien une composante génétique, disent les chercheurs, confirmant des études précédentes plus confidentielles, notamment sur des jumeaux. Mais cette composante dépend d'une myriade de gènes. "Il n'y a pas de gène 'gay' unique, mais de nombreux petits effets génétiques répartis dans le génome", détaille Ben Neale.

À cela s'ajoute un facteur essentiel : l'environnement dans lequel une personne grandit et vit. Pour mieux expliquer, les chercheurs comparent à la taille : l'effet génétique est indiscutable, puisque votre taille est liée à celle de vos parents. Mais la génétique n'explique pas tout, votre nutrition pendant l'enfance aura un impact important. C'est ce que les scientifiques appellent l'environnement.

Idem pour le risque cardiaque : des gènes créent des prédispositions, mais votre style de vie, comme votre alimentation, a un rôle plus grand encore.

"Difficile à mesurer"

La nouvelle analyse statistique a permis de découvrir cinq positions précises sur nos chromosomes, appelées locus, qui apparaissent clairement liées à l'orientation sexuelle, bien qu'ayant chacune une influence "très petite".

Biologiquement, il se trouve qu'un marqueur est aussi associé à la perte de cheveux, ce qui suggère un lien avec la régulation des hormones sexuelles. Vraisemblablement, il existe des centaines ou des milliers d'autres marqueurs, que de futures analyses sur de plus grandes banques ADN pourraient un jour découvrir.

"C'est un comportement complexe où la génétique joue un rôle, mais probablement de façon minoritaire. L'effet de l'environnement existe, mais on n'arrive pas à le mesurer exactement", ajoute Fah Sathirapongsasuti, scientifique de 23andme.com, un site de tests ADN qui a contribué à l'étude avec des profils génétiques de clients (volontaires).

Le gros de l'analyse a été faite sur des hommes et femmes de la banque britannique UK Biobank, en majorité d'origine européenne, qui avaient répondu à la question : "Avez-vous déjà eu une relation sexuelle avec une personne du même sexe ?"

Des résultats salués par GLAAD

L'association américaine GLAAD a salué des travaux, confirmant qu'"être gay ou lesbienne est une partie naturelle de la vie humaine".

Au début de la génétique, en 1993, une étude sur 40 familles avait cru identifier un lieu unique, le gène Xq28, définissant l'orientation sexuelle. La nouvelle analyse réfute ce modèle simpliste.

Crédit photo : Ludovic Bertron/Flickr.