LGBT+ - Le mot de l’année 2019 aux États-Unis n’a pas d’équivalent officiel en France. Le dictionnaire Merriam-Webster, l’équivalent de notre Larousse, vient de décerner ce prix au pronom “they”, de plus en plus employé par et pour les personnes non-binaires.
Si vous êtes un peu familier de l’anglais, vous savez que “they” est à la base le pronom de la 3e personne du pluriel. L’équivalent de notre “ils” et “elles” français, mais neutre. Très pratique et utilisé depuis longtemps aux États-Unis pour parler d’une personne que l’on ne connaît pas (et dont on ne connaît donc pas le genre), “they” est depuis quelques années aussi utilisé par les anglophones pour parler des personnes dont l’identité de genre n’est ni masculine ni féminine.
Dans le Merriam-Webster, une nouvelle définition a ainsi été apportée au pronom they. Il est désormais aussi “utilisé pour une personne dont l’identité de genre est non-binaire”.
Si le fameux dictionnaire a choisi ce mot cette année, c’est après en avoir observé plusieurs occurrences marquantes. Parmi celles-ci, c’est surtout la prise de parole de Sam Smith, en septembre dernier, qui a changé la donne. Le chanteur anglais, non-binaire, avait en effet encouragé l’utilisation des pronoms “they” et “them”.
Dans un post Instagram, l’interprète de “How Do You Sleep” avait notamment écrit: “Je sais qu’il y aura beaucoup d’erreurs et de mégenrages, mais tout ce que je vous demande, les amis, c’est d’essayer. S’il vous plaît. J’espère que vous pouvez maintenant me voir comme je me vois”.
Comme le rapporte l’agence de presse Associated Press, l’American Psychological Association avait déjà approuvé l’emploi de ce pronom pour les personnes non-binaires.
En 2015, l’American Dialect Society, organisation consacrée à l’étude de la langue anglaise, avait aussi de son côté nommé “they” mot de l’année, reconnaissant ainsi son émergence chez les personnes non-binaires.
En France, aucun pronom n’est pour l’instant officiellement approuvé pour désigner ces personnes qui ne se sentent pas en accord avec les catégories de genre binaires. Mais officieusement, le pronom “iels” (et parfois “illes”) est de plus en plus employé. Celui-ci est un mélange de “ils” et “elles”.
L’autre problème auquel est confrontée la langue française, comme le souligne auprès de Libération Éliane Viennot, professeure de littérature française, autrice de “Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin!”, même en employant “iel” ou “iels”, “il faut ensuite choisir entre ‘iel est content’ ou ‘iel est contente’. Alors qu’en anglais par exemple, un pronom non genré peut fonctionner, car le reste de la phrase n’est pas affecté...” Il reste donc encore du chemin à parcourir pour la langue française.
À voir également sur Le HuffPost: