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Kırkpınar, lutte intime contre les stéréotypes de genre

Kırkpınar, lutte intime contre les stéréotypes de genre
Kırkpınar, de Caner Teker

Invité du festival Les Urbaines, à Lausanne, l’artiste germano-turcx baséx entre Amsterdam, Berlin et Düsseldorf Caner Teker livre une performance intense et sensuelle qui interroge la frontière entre violence et intimité.

Sur la scène transformée en ring, deux corps huilés et torses nus. Ils se touchent, s’affrontent, se mélangent. La tension entre eux est intense. De violente, elle se fait sensuelle et érotique. Kırkpınar s’inspire de la pratique traditionnelle de la lutte turque (yağlı güreş), détournant les actes d’agression en gestes d’intimité et de vulnérabilité. «C’est la dépression du monde et la stigmatisation des personnes queer qui constituent ma principale source d’énergie» explique Caner Teker. S’iel a choisi d’utiliser la lutte turque, traditionnellement très «virile» dans cette performance qui met en scène des corps non binaires, c’est pour «briser l’hypermasculinité, questionner le genre et l’hétéronormativité. J’ai aussi voulu montrer que deux corps queer qui luttent ont de la beauté en eux.» La discipline nécessite l’usage d’huile corporelle, ce qui pour Caner Teker permet de jouer sur le registre de l’homoérotisme et les clichés de la pornographie un peu sale.

Lente, sans un mot, mais accompagnée d’une musique qui évoque tant la psalmodie mystique que les battements de cœur, Kırkpınar a quelque chose de profondément hypnotique. «La musique porte la pièce en la soutenant dans sa tension dramaturgique», explique Caner Teker. «Comme pour toutes mes créations, la musique a été un des points de départ de la recherche artistique.»

Progressivement, un glissement troublant de la violence à la tendresse s’opère et d’une certaine manière, c’est pour Caner Teker un moyen de questionner la notion de consentement: «Aucune violence ne doit être tolérée dans les relations intimes. Elles relèvent d’une pratique consensuelle dans laquelle nous nous engageons ensemble. Pour moi l’intimité passe par la vulnérabilité, et c’est ce que nous montrons dans cette performance: des corps qui sont vulnérables à la frontière entre contraction et relâchement.»

Au final, Kırkpınar nous renvoie aux pulsion primitives d’eros et thanatos. Mais c’est bien eros que choisit Caner Teker, qui amène sa pièce vers une certaine tendresse, une tendresse érotique et brute, une tendresse queer, hors des stéréotypes.

Dans le cadre des Urbaines, Kırkpınar sera joué le vendredi 3 décembre à 23h et le samedi 4 décembre à 22h au Théâtre Sévelin 36, Lausanne. Plus d’infos sur urbaines.ch