Il y eut Valéry Giscard d’Estaing et la légalisation de l’avortement, François Mitterrand et l’abolition de la peine de mort, François Hollande et l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. A quelle mesure de société marquante voudra être associé(e) le (ou la) vainqueur(e) de l’élection présidentielle de 2022 ? A ce stade, rien, ou pas grand-chose, n’émerge des programmes d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, si ce n’est une ouverture du président candidat sur la question de la « fin de vie », sujet qu’il propose de mettre au programme d’une convention citoyenne. Il n’a cependant même pas été abordé lors du débat télévisé entre les deux candidats, mercredi 20 avril.
En matière de droits LGBT, rien n’apparaît dans leurs programmes. Quand on l’interroge, Emmanuel Macron se contente de rappeler son bilan : l’adoption d’une proposition de loi sur l’interdiction des « thérapies de conversion » et, surtout, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples lesbiens. Dans une réponse adressée, mercredi 20 avril, au magazineTêtu, il s’engage juste à « poursuivre la formation de nos forces de l’ordre et magistrats pour mieux accueillir les victimes et sanctionner systématiquement les propos et actes anti-LGBT » et promet d’étendre aux personnes transgenres le délit d’outrage sexiste ou sexuel.
« Lors de la campagne, c’est surtout Eric Zemmour qui a surfé sur ces questions, avec des positions très dures, par exemple sur les supposés lobbys LGBT à l’école », déplore Flora Bolter, coprésidente de l’observatoire LGBT+ à la Fondation Jean Jaurès.
Les débats enflammés ayant précédé l’adoption de la loi de bioéthique ouvrant la PMA – promesse d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017, votée en juin 2021 – ont probablement joué un rôle. « L’enlisement de la PMA et l’opposition très organisée qui s’est exprimée lors des débats sur la loi interdisant les thérapies dites de conversion expliquent peut-être qu’il soit très en retrait sur ces questions, parce qu’il a l’impression de s’être investi déjà beaucoup de ce côté-là et qu’il ne veut pas prendre des coups », suppose Mme Bolter.
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