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Downing Street laisse le champ libre aux thérapies de conversion

Le gouvernement de Boris Johnson a fait volte-face sur sa décision d’interdire ces pratiques prétendant « guérir » les personnes LGBT. Un moyen pour les conservateurs, estiment certains, de diviser les travaillistes et de détourner l’attention des citoyens à l’approche de municipales mal parties pour les tories.

Par  (Londres, correspondante)

Publié le 26 avril 2022 à 07h45, modifié le 26 avril 2022 à 07h45

Temps de Lecture 4 min.

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Depuis la décision du gouvernement britannique, les manifestations pour les droits des LGBT se multiplient au Royaume-Uni (ici, devant Downing Street, à Londres, le 10 avril).

C’est une volte-face qui ne passe décidément pas. Début avril, le gouvernement Johnson a annoncé qu’il renonçait à l’interdiction, en Angleterre et au Pays de Galles, des très controversées thérapies de conversion pour les personnes transgenres, contrairement à un engagement du Parti conser­vateur datant de 2018 (en France, elles sont pénalisées depuis janvier).

A en croire l’étude « National LGBT Survey », réalisée par le gouvernement sur un échantillon de 108 000 personnes LGBT au Royaume-Uni et publiée en juillet 2018, environ 5 % d’entre elles s’étaient vu offrir par des organisations religieuses ou des professionnels de santé ce type de thérapies coercitives visant à « corriger » les orientations sexuelles ou l’identité de genre des patients. Et 2 % avaient effectivement suivi ces traitements pseudomédicaux, à base de jeûnes, méditation, voire d’injections d’hormones.

« Les parents doivent être impliqués dans les décisions de leurs enfants concernant des traitements irréversibles. » Boris Johnson, premier ministre

Depuis, la mobilisation des associations de protection des droits des LGBT ne faiblit pas : des milliers de militants et de sympathisants ont protesté devant le 10 Downing Street, le 10 avril, des centaines de personnes se sont rassemblées à Manchester, Brighton ou Plymouth le 16 avril, des manifestations sont aussi prévues à Oxford puis à Liverpool fin avril. Mise en ligne début avril, une pétition réclamant que le gouvernement revienne sur sa décision a atteint en quelques jours 135 000 signatures, et devrait faire l’objet d’un débat au Parlement de Westminster.

Pour justifier sa décision, Boris Johnson a invoqué « des complexités et des sensibilités » liées aux questions de genre : « Les parents doivent être impliqués dans les décisions de leurs enfants concernant des traitements irréversibles. » Downing Street s’inquiéterait que l’interdiction des thérapies de conversion, qui implique une judiciarisation, dissuade des médecins, des thérapeutes ou certains parents d’avoir des discussions franches avec les personnes sujettes à des dysphories de genre (la dissonance entre le sexe assigné et celui auquel la personne a le sentiment d’appartenir).

« Je suis amèrement déçu par cette décision », a réagi le député conservateur Jamie Wallis – premier élu ouvertement transgenre à Westminster (il l’a révélé en mars). Le gouvernement a même été contraint d’annuler sa première conférence internationale sur les droits des LGBT, prévue en juin, trop d’associations de droits des transgenres ayant renoncé à y participer. Citée par le Guardian, Jayne Ozanne, une éminente évangéliste anglicane, connue pour son engagement contre les thérapies de conversion, estime que le renoncement gouvernemental « est de loin la plus grande trahison depuis des années à l’égard de la communauté LGBT. (…) Il va laisser de très nombreuses personnes LGBT complètement vulnérables face à des traitements dégradants ».

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