sport#BoycottQatar2022 : les appels à ignorer le Mondial de foot se multiplient

Par Nicolas Scheffer le 14/09/2022

Militants, politiques, athlètes mais aussi médias sont de plus en plus nombreux à dénoncer l'absurde décision d'organiser la Coupe du monde de football au Qatar, où les droits humains (et LGBTQI+ bien sûr) sont bafoués.

La fédération internationale de football (FIFA) n'aurait jamais dû choisir le Qatar, où les droits humains sont notoirement bafoués, pour accueillir le Mondial 2022. À moins de trois mois de l'ouverture de la compétition, qui se tiendra du 20 novembre au 18 décembre, les appels au boycott se multiplient, de la part d'ONG internationales, de personnalités politiques ainsi que de médias.

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Dernière annonce fracassante en date, ce mardi 13 septembre, le Quotidien de la Réunion a barré sa une avec cette décision : "Sans nous". Le journal explique en effet avoir décidé "de ne plus publier ni article ni annonce publicitaire sur la compétition". Et d'invoquer pour justifier sa position "une acmé des pratiques à bannir", à savoir "des atteintes intolérables à la dignité et aux libertés humaines" et le piétinement des "droits des travailleurs et des minorités", ainsi que le "respect de l'environnement". Bref, résume le quotidien, Qatar 2022 est devenu "la caricature d'un système dévoyé".

La gauche et le Qatar

Après des dizaines de personnalités écologistes qui ont publié une tribune en ce sens dans têtu·, d'autres politiques de gauche se sont fait entendre pour dénoncer le choix du Qatar comme pays hôte de la compétition suivie à travers le monde entier. "Si j'étais footballeur, je ferais le choix de ne pas y aller parce que le Qatar est un pays qui criminalise l'homosexualité", a ainsi déclaré le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur franceinfo ce mercredi 14 septembre, tout en reconnaissant qu'il suivrait sans doute les matchs devant sa télévision. L'eurodéputé David Cormand a quant à lui indiqué sur Public Sénat qu'il ne "regardera pas" tout en n'appelant pas formellement au boycott, dénonçant la corruption des instances et le fait que "tout cela n'a plus rien à voir avec du foot".

Alexis Corbière, député de la France insoumise (LFI) de Seine-Saint Denis, a quant à lui déclaré sur Europe 1 que "les conditions ne sont pas réunies pour que notre équipe de France se rende à cet événement. C'est un scandale sportif, écologique et social". Interrogé sur France inter, l'ex-président François Hollande s'interroge aussi : "Est-ce que les chefs d'État et de gouvernement doivent aller au Qatar voir des matchs dans des stades climatisés et après tout ce qui s'est produit ? Ma réponse serait non". Tout en reconnaissant que pour les joueurs sélectionnés, "c'est l'enjeu majeur de leur vie".

Éric Cantona, Tom Daley…

Des personnalités de la société civile sont plus allantes pour soutenir le #BoycottQatar2022. Dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux, la star du football Éric Cantona affirme qu'il ne regardera pas un seul match. "Cette Coupe du monde n'a aucun sens ! Pire, c'est une aberration ! (...) Parfois dans la vie, il faut prendre des décisions, même si ça nous coûte", déclare l'ancien attaquant de Manchester United. L'acteur Vincent Lindon a également appelé à ignorer l'événement. "Je ne regarderai pas le Mondial, je pense que c'est une histoire – je pèse mes mots – répugnante. L'idée d'accepter qu'on est à vendre est impossible pour moi. (...) On se laisse dévorer par l'argent rouge de sang", affirmait-il fin août au micro de Nicolas Demorand et de Léa Salamé.

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En fin d'année dernière, le Britannique Tom Daley avait déjà dénoncé ce choix : "En 2022, la Coupe du monde [de football] se déroule dans le deuxième pays le plus dangereux au monde pour les homosexuels, le Qatar. Pourquoi permettons-nous aux endroits qui ne sont pas sûrs pour tous les fans et tous les joueurs d'accueillir nos événements sportifs les plus prestigieux ? Organiser une coupe du monde est un honneur. Pourquoi les honorons-nous ?".

LGBTphobie d'État

Au Qatar, entre autres droits humains piétinés, l'homosexualité reste passible de sept ans d'emprisonnement. Et les autorités du pays ne sont sont pas montrées enclines à changer les règles pour l'accueil d'athlètes et supporters LGBTQI+. L'homme en charge de la sécurité de la Coupe du monde, Abdulaziz Abdullah Al Ansari, a d'ailleurs assumé auprès d'Associated Press : "Vous voulez manifester votre point de vue sur la situation [LGBTQI+], faites-le dans une société où [le drapeau arc-en-ciel] sera accepté (…) Ne venez pas insulter toute la société à cause de ça (…) Ici on ne peut pas changer les lois. Vous ne pouvez pas changer de religion pendant 28 jours de Coupe du monde".

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De toute façon, un allègement temporaire des lois LGBTphobes qataries ne règlerait en rien la situation de la population locale. "En affirmant que les LGBTQI+ pourraient être tranquilles pendant le Mondial, les autorités qataries reconnaissent automatiquement qu'il y a un problème et que leur législation homophobe est une violation majeure des droits humains", relevait au printemps l'ONG Human Rights Watch auprès de têtu·.

Outre les lois LGBTphobes, le quotidien britannique Guardian a recensé en dix ans, sur les chantiers des infrastructures destinées à accueillir la compétition, quelque 6.500 morts de migrants venus d'Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka, estimant que ce nombre est probablement sous-estimé. Le pays n'a reconnu que 37 de ces décès liés aux travaux du Mondial, dont 34 en dehors des chantiers. Enfin, d'un point de vue écologique, cette compétition est évidemment une aberration dans un pays où il fait quotidiennement plus de 40 degrés, obligeant les huit immenses stades construits à être climatisés.

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Crédit photo : Le Quotidien de la Réunion