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Le suicide d’une lycéenne transgenre à Lille suscite une vive émotion, le rectorat défend l’établissement

Après un emballement des réseaux sociaux mettant en cause la responsabilité de l’équipe pédagogique, le rectorat défend l’établissement, affirmant que l’élève était « accompagnée ».

Le Monde avec AFP

Publié le 18 décembre 2020 à 11h25, modifié le 18 décembre 2020 à 19h02

Temps de Lecture 4 min.

Des lycéens se sont rassemblés le 18 décembre au matin devant le lycée Fénelon de Lille suite au suicide d’une lycéenne trangenre.

L’émotion est vive au lycée Fénelon de Lille, après le suicide d’une lycéenne transgenre. Une cellule d’écoute psychologique a été déployée pour les élèves et le personnel, et des « conseillers de vie scolaire » devaient se rendre, vendredi 18 décembre, dans l’établissement.

« Valérie Cabuil, rectrice de l’académie de Lille, a appris avec beaucoup de tristesse qu’un élève de terminale du lycée Fénelon de Lille a mis fin à ses jours au sein de son foyer d’accueil mercredi. Cet événement dramatique bouleverse l’ensemble de la communauté éducative », écrit le rectorat dans un communiqué jeudi.

Le lycée Fénelon « a été informé du cheminement de l’élève et de sa volonté de changer d’identité sexuelle. L’élève, qui se trouvait dans un contexte personnel complexe, était accompagné dans sa démarche par l’équipe éducative de son foyer et de son établissement scolaire », assure la rectrice.

« J’apprends avec une grande émotion et une profonde tristesse la mort d’une lycéenne transgenre à Lille. Toutes mes pensées vont vers ses proches et ses camarades », a réagi dans un tweet la maire PS, Martine Aubry.

« C’est eux qu’il faut éduquer »

Plus tôt, plusieurs éléments publiés sur les réseaux sociaux ont mis en cause la responsabilité de l’équipe pédagogique dans le drame. Une série de tweets signés du nom d’une femme se présentant comme « autrice militante, poète pyromane » affirmant que cette « lycéenne trans » de 17 ans, avait été « humiliée » et « psychologiquement agressée » par une membre de l’équipe pédagogique est devenue virale.

Des internautes relayaient également une vidéo, diffusée sur Snapchat et apparemment filmée par la lycéenne, où l’on entend la voix féminine d’une Conseillère principale d’éducation (CPE) évoquer des problèmes posés par sa tenue. La lycéenne aurait été renvoyée chez elle le 2 décembre car elle portait une jupe.

« Ça, je le comprends très bien ! Et tout ça, c’est fait pour t’accompagner au mieux, c’est ça que tu comprends pas ! Parce qu’encore une fois il y a des sensibilités qui ne sont pas les mêmes », ajoute la CPE sur un ton sec. « Mais c’est eux qu’il faut éduquer », répond la lycéenne. « Je suis d’accord » répond l’adulte, avant que l’élève conclue : « Je ne vois pas le problème. »

Des élèves et le personnel du lycée Fénelon à Lille se sont rassemblés le 18 décembre dans la cour pour rendre hommage à la lycéenne transgenre qui s’est suicidée.

Aux yeux de la rectrice, Valérie Cabuil, « il y a peut-être ce réflexe » de la CPE « de la protéger, de dire si tu arrives comme ça et que personne n’est prévenu, ça ne va pas être bien pour toi. Je pense qu’au bout du compte l’idée a été quand même d’accompagner ». « Ensuite, dans l’après-midi même, il [l’élève] a été rappelé, il y a eu beaucoup de discussions dans l’établissement, et on a vraiment vu avec lui comment gérer au mieux son retour dans l’établissement habillé avec sa jupe », a poursuivi la rectrice. Avant de s’excuser d’avoir parlé de l’élève au masculin.

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Une minute de silence

Jean-Yves Guéant, président de la Fédération des conseils de parents d’élève (FCPE) du Nord, a confirmé le renvoi chez elle de l’élève au début de décembre. Mais « aucun élément, à ce jour », ne permet de lier ces faits au suicide de l’élève, « qui vivait par ailleurs dans un foyer de l’ASE » (Aide sociale à l’enfance) et avait d’autres « difficultés ». « Une discussion avait eu lieu » entre l’élève et l’établissement, et « a priori, d’après l’équipe et la famille, l’affaire était résolue », a-t-il poursuivi, regrettant la diffusion de la vidéo et mettant en garde contre les « fake news ». Et de conclure :

« Il est très compliqué de comprendre ce qui peut se passer dans la tête d’un jeune qui prend ce genre de décision (…) mais, a priori, la responsabilité de l’établissement a été écartée. »

Les élèves n’accablent pas la direction. Nombre d’entre eux s’étaient mobilisés après ces événements, venant pour certains au lycée en jupe et collant. « La direction lui avait présenté ses excuses, et depuis quelque temps ça allait mieux, elle se sentait mieux au lycée », a affirmé une élève de terminale. « Elle avait parlé de l’événement à ses amis, ça l’avait affectée, mais je pense pas que ce soit ça qui l’ait poussée à l’acte ».

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Si la vidéo semble authentique, « je pense que la direction n’est pas responsable (…) et que la CPE n’avait aucune intention de faire du mal » à l’élève, même si elle a fait preuve de « maladresse », a estimé un autre élève. « Elle avait d’autres problèmes », selon lui.

« Les personnels doivent être formés aux sujets LGBT »

Dans la matinée de vendredi, une quarantaine de ses amis se sont rassemblés devant l’entrée du lycée pour lui rendre hommage, observant une minute de silence, suivie d’applaudissements. « On n’accuse pas, on veut juste que les choses changent », confie en pleurs, Anouk Dupont, 17 ans.

Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a défendu son bilan lors d’un déplacement à Marly-la-Ville (Val-d’Oise) : « Nous avons fait énormément sur la lutte contre le harcèlement, qui inclut l’enjeu du harcèlement contre les élèves LGBT. » Il a néanmoins reconnu « [il faut] que nous réussissions beaucoup mieux à lutter contre cela ».

« Il est temps que les lycées se rendent compte qu’on est en 2020 », les personnels doivent « garantir l’émancipation et s’abstenir de tout acte qui pourrait mener au pire », a, de son côté, réagi le syndicat lycéen FIDL. « Les personnels doivent être formés aux sujets LGBT », a fait écho le Collectif éducation contre les LGBTphobies, dénonçant une « inaction » du ministère.

Le Monde avec AFP

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