Évreux accueille le seul bar LGBT+ de l’Eure

Sylvain Dumont a ouvert l’établissement pour rendre hommage à son compagnon décédé. Rencontre à l’occasion de la Journée internationale du coming out qui se déroule tous les 11 octobre.

Depuis 2019, "Le Clem" bar, ouvert par Sylvain Dumont, se veut un lieu convivial mais aussi de collaboration avec les associations. LP/Lou Garçon
Depuis 2019, "Le Clem" bar, ouvert par Sylvain Dumont, se veut un lieu convivial mais aussi de collaboration avec les associations. LP/Lou Garçon

    Dans une zone commerciale, non loin d’Évreux, Le Clem Bar accueille une clientèle normande et venue de la région parisienne. Bar LGBT + (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles) ouvert les vendredis et samedis soir, où les clients sont appelés par leur prénom et où l’on peut discuter de tout « sans filtre », « Le Clem » n’a pas d’équivalent dans le département. Avant l’ouverture de ce « point de repère » pour la communauté LGBT + euroise, il fallait aller jusqu’à Rouen pour sortir dans des lieux gays friendly.

    C’est en mémoire de son époux Clément, que Sylvain Dumont a ouvert le sauna Le Clem en 2018, suivi du Clem bar en 2019. Le 17 novembre 2017, ce parachutiste de la base aérienne 105 d’Évreux était retrouvé pendu à son domicile. L’homme était visé par une plainte pour attouchements sexuels et une enquête judiciaire a plus tard révélé plusieurs faits d’agressions sexuelles. Mais selon Sylvain Dumont, le suicide de son mari aurait d’abord été la conséquence d’un harcèlement homophobe qui se serait produit au sein de la base (l’endquête concernant ces accusations a été classée sans suite mais l’adjudant mis en cause a fait l’objet d’un rappel à la loi pour propos homophobes).

    « L‘image selon laquelle, aujourd’hui, l’homosexualité est acceptée de tous, c’est faux »

    Un drame qui continue de hanter le patron du Clem. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs connus dans un sauna. « On en a toujours rigolé en se disant qu’un jour, on ouvrirait notre propre établissement », se souvient l’homme de 34 ans. Avant l’ouverture de son « bébé » qui lui aura permis « de relever la tête », il n’y avait plus de sauna depuis quatre ans sur Évreux. Le bar LGBT + ouvert à tous dans la foulée, « permet par ailleurs à certains clients de se sentir à l’aise dans un endroit où on ne les juge pas ».



    L’établissement a voulu être là pour les personnes qui en ont besoin parce que, selon son patron, « l’image selon laquelle, aujourd’hui, l’homosexualité est acceptée de tous, c’est faux ». Adhérent de l’association ENIPSE, qui réunit des lieux commerciaux et libertins LGBT + autour de la lutte contre le sida et les autres IST (infections sexuellement transmissibles) , le bar reçoit chaque mois un psychologue sexologue le temps d’une soirée. La société est également adhérente de la fondation Le Refuge, qui propose un hébergement temporaire aux jeunes victimes de LGBT-phobies. « Si quelqu’un a un problème, il peut taper à la porte du Clem, assure Sylvain Dumont. Encore trop de gens se cachent et sont malheureux. »