Pas d’histoire sans sources. C’est ce qu’apprend tout apprenti·e historien·ne et qu’éprouve au long de sa carrière tout historien·ne de métier. Cette sentence se veut la garantie d’un savoir reposant sur des faits vérifiables, résultats du travail patient de mise en dialogue de documents écrits, iconographiques, matériels ou mémoriels patiemment collectés durant l’enquête historique. Mais on le sait, le terrain n’est pas toujours aussi stable qu’on le voudrait, et l’histoire de l’histoire est émaillée d’angles morts, de silences, d’hypothèses et d’interprétations en raison de l’absence ou de la disparition des sources. Mais à bien les considérer, les sources sont aussi affaire de regard, et même d’écoute. Elles affleurent lorsque remontent des attentes pas ou mal entendues jusqu’alors, posant l’épineuse et quotidienne question du rôle social de l’historien·ne comme caisse de résonance des interrogations de son temps : elles étaient là, mais personne ne les voyait, parce que personne ne s’y intéressait. Aussi pouvait-on aisément affirmer que telle ou telle histoire était impossible à écrire, puisqu’il n’y a pas de source.
On doit pourtant à quelques pionniers et pionnières l’histoire de certaines catégories oubliées ou durablement rendues silencieuses : avant-hier, les ouvriers et les étrangers, hier, les ouvrières et les étrangères. Depuis quelques années, un nouveau champ s’ouvre lentement, l’histoire des minorités sexuelles désignées sous l’acronyme LGBT +. Si l’histoire de