De la retraite à la réouverture
Après plusieurs mois de mobilisation, la librairie féministe et lesbienne Violette and Co du 102, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement parisien, va renaître. Le 12 février, l’aventure avait bien failli prendre fin avec le départ à la retraite des deux fondatrices, Catherine Florian et Christine Lemoine, après dix-huit ans de bons et loyaux services. Un collectif de six femmes d’une vingtaine d’années, d’horizons différents mais toutes fidèles clientes de la librairie, en a décidé autrement. Ne pouvant se résoudre à la fermeture de ce lieu « qui a beaucoup compté », elles ont lancé, en mars, une campagne de financement participatif. Achevée le 4 juin, elle a permis de récolter plus de 172 000 euros pour une réouverture « dans l’idéal en septembre ».
Un lancement difficile
Violette and Co est née en 2004 d’un concours de circonstances. Le couple de fondatrices voulait se lancer dans une nouvelle vie professionnelle. La fermeture, un an plus tôt, de la librairie LGBT Pause lecture, rue Quincampoix, dans le 3e arrondissement, qu’elles fréquentaient, a agi comme un catalyseur. Elles décident d’ouvrir la première librairie féministe et lesbienne de France. Mais, très vite, elles constatent que le chemin est semé d’embûches : difficultés de financement, accusations de ventes de livres pornographiques… « Dans le contexte de l’époque, ce n’était pas évident de s’afficher comme librairie féministe et lesbienne », se souvient Catherine Florian. Après avoir décidé du nom en référence à la romancière lesbienne du XXe siècle Violette Leduc, elles s’installent « par un heureux hasard » dans le quartier où elle vivait.
Un lieu de transmission
« Résumer dix-huit ans en quelques mots, c’est difficile. » Mais, s’il y en a bien un que les sexagénaires répètent à l’envi, c’est « transmission ». Plus qu’une librairie, Violette and Co est un lieu de mémoire et de partage, où s’organisaient rencontres littéraires, expositions et ateliers d’écriture créative. Dans les rayonnages se côtoyaient aussi bien les écrits très pointus des essayistes Monique Wittig ou Adrienne Rich, de la romance lesbienne ou des ouvrages confidentiels. Nous voulions « réunir dans un même lieu tout ce qui existait, sans distinction et mettre à disposition ces outils éditoriaux », souligne Christine Lemoine.
Le début d’une nouvelle ère
« On veut s’inscrire dans la continuité, explique Lucile Regourd, une des repreneuses, mais tout en ajoutant notre patte. Sur l’identité graphique, par exemple. » Si le catalogue de références est reconstitué à l’identique, il sera toutefois enrichi de nouveaux ouvrages, notamment en littérature jeunesse. Dans le nouveau local, qui reste encore à trouver, un espace café invitera à la convivialité et à la flânerie. « On trouve ça formidable ! Elles font preuve d’une grande reconnaissance et ont la volonté de perpétuer l’esprit de Violette and Co, se félicitent de leur côté Catherine Florian et Christine Lemoine. Des choses vont changer, certes, mais on est en toute confiance. »
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