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États-Unis: à Los Angeles, une marche des fiertés entre crainte et unité

On s’attend, d'ici à la fin du mois, à ce que la Cour suprême des États-Unis revienne sur le droit à l’avortement. C’était le sens d’un mémo d'un de ses juges, Samuel Alito, qui a été divulgué dans la presse en avril. Et cette remise en cause d’une décision remontant à 1973 par une Cour où siègent six juges conservateurs fait craindre un retour sur d’autres droits, notamment le mariage homosexuel validé par l'instance en juin 2015. Bien plus récemment que le cas « Roe contre Wade » qui avait entériné le droit à l'avortement. Et ce dimanche, se tenait la marche des fiertés d’Hollywood.

La marche des fiertés sur Hollywood Boulevard le 12 juin 2022.
La marche des fiertés sur Hollywood Boulevard le 12 juin 2022. AP - Richard Vogel
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Avec notre correspondant à Los Angeles, Loïc Pialat

Les croyants remplacent les touristes. Après tout, c’est dimanche. L’Église méthodiste d’Hollywood a emprunté un bus à deux étages pour parader sur les grands boulevards, le temps de la marche des fiertés. À bord, Brendan. Le jeune homme a fait son coming-out récemment. Il a trouvé une église qui l’accepte comme il est et il vit sa première Gay Pride dans un contexte particulier. En remettant en cause le droit constitutionnel à la vie privée, la Cour suprême ne menace pas que le droit à l’avortement.

« Cela créerait un précédent pour les droits des homosexuels et d’autres minorités. Le mariage, ce n’est pas dans mon radar immédiat, parce que j’ai commencé à sortir avec d’autres hommes il y a peu. Mais ça m’inquiète beaucoup, oui. Si je n’ai pas l’opportunité de me marier un jour, ma vie sera différente de ce que j’imaginais. Et ça me fait peur », explique Brendan.

Un ciel bleu californien sans nuages au-dessus des drapeaux arc-en-ciel. Des appels à l’amour et à l’unité s’affichent sur la centaine de chars du défilé. Même dans le climat du moment, les messages politiques sont rares.

La marche des fiertés, « un mouvement de justice sociale »

Mais pour Eric, un coach de vie, la marche est une revendication en soi : « Ça ne fait aucun doute qu’ils vont s’attaquer à nos droits, mais ce n’est pas ce qui compte aujourd’hui. On est là pour aimer et dire aux autres qu’ils sont aimés pour ce qu’ils sont. On passe beaucoup de temps à penser à ceux qui essaient de nous opprimer. Là, c’est notre moment de revendiquer notre espace. Oui, la marche est une célébration, mais c’est aussi un mouvement de justice sociale. Il a commencé avec les émeutes de Stonewall et on porte cet héritage en faisant savoir que nous existons et que nous ne bougerons pas. »

Dans la foule qui suit la parade, Cassie, une transsexuelle, se distingue avec son costume de statue de la Liberté. À la place de la torche se trouve une pancarte : « Votez comme si vos droits en dépendaient. »

« Beaucoup de membres de la communauté LGBT sont apathiques politiquement, estime Cassie. Il faut voter, tout particulièrement en novembre pour les élections de mi-mandat. Mais on n’est pas organisé. Ces marches, c’est mignon, mais il faut exister politiquement. Il y a quelque chose de très frustrant. Je trouve la gauche divisée alors que les extrémistes à droite sont extraordinairement bien organisés. Ils ont compris qu’ils pouvaient imposer leurs idées en passant par les États plutôt qu’au niveau fédéral. »

► À lire : Droits des LGBT+: New York commémore les 50 ans des émeutes de Stonewall

Des projets de loi hostiles à l'égard de la communauté LGBT

Les attaques contre la communauté LGBT n’ont pas attendu la Cour suprême. L’association Human Rights Campaign a compté 340 projets de loi hostiles à travers le pays ces derniers mois. Alors, la Californie a des airs de refuge. Calvin vit à une heure d’avion à Phoenix et c’est un autre monde : « Ici, je me promène librement dans la rue. En Arizona, je n’oserai pas, en 2022, alors que je vis dans le centre-ville de Phoenix. À chaque fois que je regarde les infos, il y a une nouvelle action en justice contre nos droits. »

Amanda accompagne Kayleigh, sa fille de 17 ans à la marche. Elle avance, le pas ferme, difficile à arrêter : « Je me moque un peu de ce que la Cour suprême a à dire. Moi, je suis là pour ma fille. Sa famille la soutient. La Cour fera ce qu’elle a à faire. Si ma fille veut se marier un jour, on trouvera un moyen. »

La marche des fiertés d’Hollywood a été la première Gay Pride légale au monde, assurent ses organisateurs, et c’était en 1970. Depuis, les États-Unis ont changé et 70% des Américains soutiennent le mariage pour tous aujourd’hui. Mais leur avis ne compte pas forcément plus que celui des six juges conservateurs de la Cour suprême.

► À lire : Identité transgenre aux États-Unis: les demandes de «passeport X» autorisées

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