Exposition

«Habibi»: l’Institut du monde arabe travaille le queer

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LGBT +dossier
Une expo rassemble le travail d’artistes LGBT + originaires de pays arabes et d’Asie centrale, du Maroc à la Syrie en passant par l’Iran, où l’homosexualité est criminalisée. Créées à l’abri de l’espace public, leurs œuvres sont souvent teintées d’humour ou inspirées de l’iconographie persane.
par Clémentine Mercier
publié le 29 septembre 2022 à 16h11

D’une main tremblante, Alireza Shojaian tend son téléphone. Il a partagé sur Instagram la couverture de Libération en persan de lundi. En soutien à la mobilisation iranienne, ce peintre ultra doué, né à Téhéran, fait aussi sien le slogan du soulèvement contre le régime islamique : «Femme, vie, liberté.» «Vous vous rendez compte, une jeune femme de 20 ans a reçu six balles dans le corps ? souffle-t-il, les yeux embués. A Téhéran, la communauté queer a crié plus fort que tout le monde aux côtés des femmes. Je viens d’un endroit où un ex-président – Mahmoud Ahmadinejad – a affirmé qu’il n’y avait pas d’homosexuel dans son pays. Toute la société essaie d’effacer notre existence. Mon identité est criminalisée. Mon art aussi», explique le jeune homme devant ses très délicats tableaux de garçons dénudés. A l’entrée d’«Habibi, les révolutions de l’amour», ses nus lascifs affirment une tendresse pour le corps masculin. Habibi, cela signifie «mon chéri».

Acte de bravoure et hymne à l’amour gay, l’art d’Alireza Shorajan s’affiche à l’Institut du monde arabe dans une belle et importante exposition qui met à l’honneur les artistes LGBTQIA + des pays arabes et d’Asie centrale (ainsi que leurs alliés). Une grande première pour ces créateurs réunis sous l’étendard de leur lutte commune. L’élan des printemps arabes, depuis 2010, n’est d’ailleurs pas étranger à l’affirmation progressive de leur identité sexuelle ; ils sont souvent artistes et militants. Issue des di

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