Honduras : une candidate à la présidentielle favorable au mariage des couples de même sexe

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Xiomara Castro est donnée favorite pour devenir la première présidente du Honduras et se dit favorable au mariage des couples de même sexe.

Xiomara Castro - Capture d'écran / Twitter

Treize candidats (dont l’un en prison pour trafic de drogue) briguent la présidence dimanche au Honduras, mais trois d’entre eux se détachent nettement pour ce scrutin qui s’annonce serré pour la sucession du chef de l’Etat sortant controversé Juan Orlando Hernandez.

À gauche

Xiomara Castro est donnée favorite pour devenir la première présidente du Honduras.

Épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, chassé du pouvoir en 2009 par un coup d’Etat fomenté par les milieux d’affaires et les partis de droite avec le soutien de l’armée, elle s’est fait un nom en prenant la tête de grandes manifestations contre le putsch.

Oratrice au verbe haut prononcé d’une voix douce, la sexagénaire issue d’une famille catholique de la classe moyenne, a gagné sa popularité en prenant la défense des plus deshérités dans un pays où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Mais dans un Honduras profondément conservateur et à la tradition machiste, elle a pour double handicap d’être qualifiée par ses opposants de « communiste » et de marionnette de son mari, qu’elle a épousé à l’âge de 16 ans et avec qui elle a eu quatre enfants.

« L’ombre de (Manuel) Zelaya pèse lourdement sur elle et, dans la société hondurienne, c’est une chose entendue que (son mari) est celui qui a le pouvoir derrière le trône », commente le sociologue Eugenio Castro pour l’AFP.

Ses opposants ont aussi eu beau jeu de critiquer ses propositions de légaliser l’avortement thérapeutique et le mariage des couples de même sexe… des thèmes particulièrement polémiques dans un pays où la population se répartit de manière quasi égale entre Eglise catholique et obédiences évangéliques.

Toujours coiffée d’un Stetson blanc, la candidate âgée de 62 ans martèle son projet d’un « socialisme hondurien démocratique », et prend soin de se démarquer des régimes cubain et vénézuélien, qui servent d’épouvantail à ses rivaux.

Déjà candidate en 2013, battue d’une courte tête par Juan Orlando Hernandez, Xiomara Castro bénéficie cette fois de soutiens de poids, dont celui de Salvador Nasralla, une star de la télévision qui a échoué de peu en 2017 face au président sortant, réélu lors d’un scrutin marqué par des accusations de fraude.

À droite

Grand, mince et toujours vêtu de jeans, d’une chemise bleue et de chaussures de travail, Nasry Asfura aime à se présenter comme un terrien allergique au travail de bureau.

Agé de 63 ans et issu d’une famille d’origine palestinienne chrétienne, l’actuel maire de la capitale Tegucigalpa semble un candidat atypique pour le Parti National (droite, au pouvoir).

Mais il bénéficie de la formidable machinerie qui a permis au Parti National de rester au pouvoir depuis une douzaine d’années en dépit de sa corruption et de ses accointances avec le trafic de drogue.

« Je n’ai jamais passé ne serait-ce qu’un seul jour assis à mon bureau de la mairie. Chaque jour, je sors dans les rues pour rendre service et pour aller voir où sont les problèmes », a-t-il coutume de dire.

Le dauphin du président sortant, qui promet de créer des emplois, a réussi à améliorer le trafic chaotique de la capitale en faisant construire des tunnels, des ponts, des toboggans et des ronds-points durant son mandat de quatre ans à la tête de la ville.

Père de trois enfants, cet ingénieur civil a fait fortune en créant une entreprise de construction devenue l’une des plus importantes du pays.

Bien que surnommé « Papi l’ordre », Nasry Asfura n’échappe pas, comme bien d’autres hommes politiques du Honduras, aux accusations de corruption.

« Il a été accusé non seulement au Honduras, (mais aussi dans) les Pandora Papers et au Costa Rica… Ce qui n’est pas un bon signe », commente Eugenio Sosa, professeur de sociologie à l’Université Nationale.

Et, s’il n’a pas été impliqué lui-même dans le trafic de drogue, « il s’est compromis en protégeant (Juan Orlando) Hernandez », ajoute le sociologue.

Au centre

Le candidat centriste Yani Rosenthal, distancé par ses deux principaux concurrents dans les sondages, a passé trois ans dans une prison américaine pour blanchiment d’argent de la drogue.

Il n’a été libéré qu’en août 2020, juste à temps pour pouvoir se porter candidat à la présidence.

La prison a mis à rude épreuve le fils âgé de 56 ans de Jaime Rosenthal, l’une des plus grandes fortunes du Honduras : « J’ai appris à me laver le haut du corps avec l’eau du lavabo, et en dessous de la ceinture avec celle de la cuvette des toilettes ».

En dépit de ce passé peu glorieux, Yani Rosenthal a remporté en mars les primaires du Parti Libéral (centre droit). Mais son rival malheureux Luis Zelaya (sans lien de parenté avec l’ancien président) a refusé de lui apporter son soutien, lui préférant Xiomara Castro.

Il se fait une place au soleil de la politique hondurienne en renvoyant ses deux principaux adversaires dos-à-dos : « Nous ne voulons ni nous engager dans le gauchisme extrémiste, ni dans la corruption de droite, nous voulons une voie libérale centriste ».

Il a cependant été pendant deux ans ministre du président Manuel Zelaya.

Père de quatre filles, il se proclame seul candidat capable de présenter des solutions économiques « viables » et a promis de donner 60 dollars par mois à chaque adulte.

Avec l’AFP