PrideLyon : la première Pride française dédiée aux familles aura lieu ce weekend

Par Elodie Hervé le 01/04/2022
Lyon : la première Pride française dédiée aux familles aura lieu ce weekend

C’est une première en France. Un collectif organise un festival de deux jours pour parler familles LGBTQI+, militer, se rencontrer mais aussi faire la fête. 

Sans char mais avec des paillettes. Pour la première fois en France, une Pride family se tiendra ce weekend. Direction Lyon pour deux jours de festivités et de rencontres autour des parentalités LGBTQI+. Avec cette initiative portée par le collectif Famille·s, les organisateurices espèrent faire l'événement à une semaine du premier tour de la présidentielle. 

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“Cette Pride est née parce que nous voulions un endroit pour nous rencontrer", explique Marie Durand, initiatrice et cofondatrice du collectif Famille·s. Après deux ans de pandémie, elle souligne la nécessité de prendre du temps pour rencontrer d’autres familles et éviter la solitude qui pèse parfois. 

Il existe beaucoup d’initiatives à Paris, mais peu en régions. D’où l’idée de créer un festival de deux jours dans une grande ville, accessible facilement, mais qui ne soit pas la capitale. Pour certain·es enfants, cela va même être la première fois qu’iels vont voir d’autre enfant né·es dans des familles LGBTQI+.” 

Drag queens, paillettes et tables rondes 

Maquillage, boom et ateliers pour les un·es, tables rondes et DJ Set pour les autres. Tout est prévu pour que les enfants, ado et adultes trouvent un espace où s'épanouir ensemble et créer des liens le temps d’un weekend. Pour cette première Pride Family, qui se tiendra au Heat à Lyon, des Drag Queens animeront des ateliers pour les enfants. Au programme, lectures de contes et apprentissages du maquillage à paillettes. 

Parmi les invité·es, la fondatrice de la maison d’édition inclusive “On ne compte pas pour du beurre”, Caroline Fournier mais également plusieurs autrices dont Muriel Douru (“Dis… mamans”); Mathilde Perrault (“Papa Max et Papa Lou”) ou encore Marie-Clémence Bordet-Nicaise (“On ne choisit pas qui on aime”). “On espère une résonance le plus large possible pour montrer que nos familles sont joyeuses et belles”, continue Marie.  

Ce festival sera aussi l’occasion de réfléchir à la manière de parler de son histoire à son enfant, de s’interroger sur la place du parent qui ne porte pas l’enfant dans un couple lesbien ou encore de mieux appréhender les enjeux juridiques et sociaux des familles LGBTQI+. 

« Tout va bien avec nos familles LGBT »

Le soir, Rag du collectif Barbieturix et l’Homme seul seront aux platines et des repas seront organisés pour permettre aux familles de discuter. “Ce festival est pour toustes : familles, célibataires et allié·es, ajoute Marie. On voulait que le lieu soit ouvert pour permettre à celleux qui passent dans le coin de venir se perdre et découvrir que tout va bien avec nos familles.” 

Pour savoir combien de personnes seraient présentes, iels ont, un temps, mis en place des pré-inscriptions. “En quelques jours, on était à plus de 350, du coup on a arrêté de compter. On s’est dit que les gens seraient bien là !”, lâche-t-elle dans un rire. 

Avec cette Pride, le collectif Famille·s entend remettre les premières personnes concernées au cœur de l'événement à savoir les enfants. Car les familles LGBTQI+ sont scrutées depuis plus de 50 ans, on recense pas moins de 700 études scientifiques sur le sujet. Et toutes tirent les mêmes conclusions : les enfants arc-en-ciel vont aussi bien que les autres. Le seul problème, une fois encore, reste le manque de formations des professionnel·les mais aussi l’homophobie crasse qui continue de s’étaler dans les rues.

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Vivre plus sereinement 

Pas question donc de laisser du terrain à la haine et aux discriminations. A cette Pride, les rires des enfants se mêleront à la musique et aux discours engagés. “Nous avons choisi de faire un festival plutôt qu’une marche parce que c’est plus simple en termes d’organisation et que pour les enfants, c’est aussi plus adapté, souligne Marie. Là, on aura tout à disposition pour manger, les changer ou tout simplement pour s’amuser. Une marche, ça aurait été plus compliqué à gérer. Et puis, le budget n’aurait pas été le même non plus, je pense.”

Lancé pendant les confinements, le collectif Famille·s compte désormais près de 400 familles adhérentes. Parmi les actions lancées ces deux dernières années, iels ont créé un jeu de cartes inclusif des 7 familles ou encore des guides à destination des professionnel·les de santé, de la petite enfance et de l’Education nationale.

“On a lancé ce collectif parce que nous sommes beaucoup à nous êtes dit que l’on aurait aimé savoir que l’on est pas seul·e, et pourvoir dire à nos enfants qu’iels ne sont pas seul·es non plus. Moi personnellement, j’aurais aimé avoir des livres à leur partager, des films et dessins animés pour s’inspirer et des mots pour parler de nos familles avec elleux. J’aurais aussi aimé et comprendre comment reconstruire un foyer dans l’homoparentalité, et donc vivre cet amour naissant plus sereinement. ”

Un manifeste à venir

“Ce festival n’est qu’une étape de plus pour montrer que nos familles existent, qu’elles sont joyeuses et légitimes, continue Marie. On souhaite aussi redéfinir ce que signifie ‘faire famille’ aujourd’hui. D’où le “s” en écriture inclusive, pour montrer la diversité de nos parcours, de nos vies et la richesse que cela induit aussi.”

Après cette Pride, le collectif envisage de publier un manifeste pour donner des pistes et permettre une meilleure inclusion de toustes dans les milieux éducatifs, professionnels et médico-sociaux.  A terme, iels espèrent aussi créer une formation à destination des professionnel·les sur le même modèle que celles mises en place par Nous Toutes pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Une façon de lutter de façon pédagogique pour que toutes les familles puissent vivre sans discrimination.