Skam FranceExclu : les acteurs de "SKAM France, saison 3" racontent la romance gay entre Elliot et Lucas

Par Youen Tanguy le 19/01/2019
SKAM France

Les premières images de la troisième saison de "SKAM France" viennent d'être dévoilées. La série, adaptée d'un format norvégien, raconte le quotidien d'une bande de lycéens. Dans cette nouvelle salve, le personnage de Lucas,  jeune gay dans le placard, et Elliot, son amoureux, sont à l'honneur. TÊTU s'est rendu sur le tournage de la série et a pu dialoguer avec les deux acteurs.

« Je veux de la vie, je veux du sourire. On s’amuse s’ils vous plaît ! ». Le réalisateur David Hourregue s’époumone derrière sa caméra. Face à lui, une quinzaine d’actrices et d’acteurs, un peu dissipé.e.s, rejouent pour la vingtième fois la même scène. « Ok, ok, on est chauds », lui répond l’un d’eux, provoquant un fou rire collectif dans le petit groupe.

Entre chaque séquence, une vingtaine de technicien.ne.s s’activent dans ce grand hangar de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où la température ne doit pas dépasser les 10 degrés en ce jour de novembre. Côté déco, des néons blancs, roses et jaunes, juchés sur les poutres du plafond, éclairent le sol en béton et des banderoles ont été installées sur un bar au fond de la salle. « Allez, action ! »

Aujourd'hui, David Hourregue tourne les dernières séquences des saisons 3 et 4 de SKAM France, dont les premières images sont diffusées à partir de ce samedi 19 janvier sur FranceTVSlash. La web-série, adaptée d’un format norvégien, raconte le quotidien d’une bande d’ados au lycée. Les deux premières saisons, déjà diffusées, se focalisaient sur les personnages d’Emma et Manon, évoquant sans tabou le cyber-harcèlement ou le ‘slut shaming’ sur fond de rivalités amoureuses. La saison 3 s'attardera sur le cas de Lucas, un jeune garçon homosexuel dans le placard.

"Il veut maintenant vivre comme il en a envie"

« Dans les deux premières saisons, le jeune lycéen se cherche, il sort avec quelques filles », se remémore David Hourregue. Mais la saison 3 sera celle de la révélation et de l’acceptation, avec l’arrivée d’Elliot, joué par l’acteur et mannequin Maxence Danet-Fauvel. Cet élève de terminale, ouvertement pansexuel, va venir secouer le quotidien de Lucas.

Axel Auriant, installé dans un large fauteuil en cuir, nous confie avoir été bouleversée à la lecture du scénario. « C’est la révélation d’un ado qui a envie de vivre une histoire d’amour, mais qui se confronte à la difficulté de ne pas être dans la norme que nous impose la société, résume simplement l’acteur habillé d’un jean et d’une veste noire. Il a menti à tout le monde, il s’est menti à lui-même et il veut maintenant vivre comme il en a envie. »

Si le jeune comédien est hétéro, jouer un rôle gay ne lui a posé aucun problème :

« Moi aussi, comme Lucas, je suis tombé amoureux, sourit-il. Et pour moi, que ce soit une fille ou un mec, c’est exactement la même chose. Je n’aurais d'ailleurs aucun soucis à tomber amoureux d’un garçon un jour. »

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Une romance "banale"

Un avis partagé par son partenaire à l’écran, Maxence, qui veut que l’on regarde Elliot et Lucas au-delà de leur sexualité. « On a tout construit sur une histoire d’amour et pas sur une histoire de genre ou d’homosexualité, nous explique-t-il installé sur un petit banc en bois, les cheveux ébouriffés. On veut que des hétérosexuels puissent s’identifier à nous et faire qu’une romance entre deux mecs soit juste banale ».

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Les deux acteurs, très complices à la vie comme à l’écran, parlent de leur rencontre comme d’une évidence : « On s’est vus un soir (après le recrutement de Maxence dans la série, NDLR) et on a pas mal bu, se souvient Axel. Le lendemain, c’était comme si on était potes depuis trois ans ». Un coup de coeur qui les a aidé à rendre cette histoire d’amour la plus « crédible » possible. 

« On ne s’attendait pas à ce qu’une telle connexion se crée, nous souffle Maxence dans un grand sourire. Avant de tourner nos scènes, de sexe notamment, on trépidait de se sauter dessus, alors qu’on est hétérosexuels tous les deux. L’histoire d'amour entre Elliot et Lucas est stellaire. »

Difficulté du coming-out, harcèlement...

Mais si l’histoire d’amour entre Lucas et Elliot semble évidente et toute tracée, tout n’est pas simple pour autant. La série aborde notamment, avec finesse, la difficulté du coming-out. « On s’est plongé dans la question française du coming-out, confie David Hourregue. En Norvège, tout se passe relativement bien puisqu’ils ont dix à quinze ans d’avance sur nous par rapport à ces sujets-là. Mais la difficulté est clairement plus grande en France, surtout auprès des proches. »

La série se penche aussi sur la question du harcèlement. En effet, que ce soit dans les saisons 1, 2 ou 3, Lucas est souvent pointé du doigt par ses propres amis. « C’est un truc d’homo refoulé de dire ça » ; « Allez, viens le gay ! »… Un sujet qu’Axel connait bien pour l’avoir vécu lui aussi. « Je me suis fais traiter de ‘pédé’ au lycée parce que je sortais avec une fille magnifique et que j’étais pas le mec le plus viril qu’il soit, confie-t-il. Certains matins, je vomissais avant d’aller en cours, j’arrivais en retard en classe avec la boule au ventre… Et c’est presque impossible d’en parler à ses proches ou aux professeurs ».

Des clichés qui perdurent

Et si tous ces sujets sont bien abordés dans SKAM France, c’est loin d’être le cas dans toutes les séries et films français. « Quand on regarde une comédie comme 'Epouse-moi mon pote', on se dit que c’est en partie à cause de ça que perdurent les clichés sur l’homosexualité, s’agace Axel. J’ai maudit Tariq Boudali d’avoir fait ça à la cause homosexuelle. C’est abominable. »

L’acteur explique d’ailleurs avoir refusé de jouer dans la pièce de Laurent Ruquier, « Pourvu qu’ils soient heureux », une pièce qui raconte le coming-out d’un jeune garçon à ses parents.

« J’ai refusé le rôle car après l’avoir lu, je me suis dit que c’était clairement pas possible vu la façon dont le sujet était traité. Je veux éviter les clichés justement ! ».

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Religion et homosexualité

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Pour David Hourregue, SKAM France offre avant tout l’opportunité de parler librement aux jeunes. « On veut montrer qu’on peut très bien vivre sa sexualité dès le plus jeune âge, dit-il. On le voit d’ailleurs à travers le personnage d’Alexia, bisexuelle, acceptée par tout le monde. On a le devoir de délivrer un message d’ouverture. »

La série évoque aussi la question, souvent éludée, de la vision de l’homosexualité dans la religion, et notamment dans l’islam. Le sujet sera abordé à travers Iman, une jeune lycéenne musulmane et dont le personnage sera au coeur de la saison 4.

Et si l’équipe s’attend à quelques réactions homophobes sur les réseaux sociaux, elle ne les craint pas : « La série cherche à faire réagir, estime Maxence. Alors si on peut clouer le bec d’un putain d’homophobe et lui dire ‘Regarde bien, parce que je suis sûr que t’as jamais vécu une histoire d’amour aussi belle avec une femme’, tant mieux. »

Les épisodes intégraux de la troisième saison de SKAM France seront diffusés tous les vendredi sur le site internet de FranceTVSlash à partir du 25 janvier.

Crédit photo : FranceTVSlash.