GrindrLes révélations inquiétantes de plusieurs ex-employés de Grindr

Par Samy Laurent le 07/11/2019
Grindr

D'anciens employés racontent les failles de sécurité de l'application de rencontre et comment la Chine semble les exploiter.

Vos nudes envoyés sur Grindr pourraient-ils se retrouver entre les mains du gouvernement chinois ? C'est ce que d'anciens employés de l'application de rencontre semblent affirmer. En 2016, la société chinoise de jeux-vidéos, Beijing Kunlun avait étrangement racheté Grindr pour quelques 93 millions de dollars. La compagnie chinoise avait alors déclaré dans un communiqué que ce partenariat permettrait allait améliorer la "position stratégique" de l'entreprise, en plus de positionner l'application sur une "plateforme plus globale", comme le rapporte le Los Angeles Magazine.

Un partage de données

D'anciens employés de Grindr ont également noté que les soins internes relatifs à la confidentialité des utilisateurs s'étaient affaiblies sous le nouveau propriétaire de l'application. Aujourd'hui, la hiérarchie se concentrant plus sur l'engagement des utilisateurs et la réduction des coûts, au détriment de projets ambitieux tels que la mise en oeuvre du chiffrement de bout en bout (un système de communication où seules les personnes qui communiquent peuvent lire les messages échangés). Bryce Case Jr., l'ancien responsable de la sécurité de l'information sur l'application souligne qu' "il n'est pas difficile pour tous les gouvernements de déchiffrer les données sur Grindr qui révèlent les identités et les localisations". En août dernier, l'application avait déjà été épinglée pour avoir laissé fuiter les géolocalisation de ses utilisateurs.

A LIRE AUSSI : Grindr fait fuiter la géolocalisation de ses utilisateurs et crée la polémique 

En Avril 2018, l'association AIDES appelait au boycott de Grindr. L'application semblait, en effet, transmettre des informations personnelles, y compris le statut sérologique, de ses utilisateurs à des entreprises tierces.

L'ambiance particulière chez Grindr

Travailler chez Grindr ne semble pas être une vraie partie de plaisir, comme certains anciens employés le font comprendre. Lander Zumwalt, ancien directeur de la communication de la plateforme de rencontre a également précisé au L.A. Magazine que travailler dans les locaux était quasiment similaire que se trouver dans la Maison Blanche de Trump : "Il y avait ce petit groupe de personnes qui souhaitaient partir, mais avaient bien trop peur de ce qu'il pouvait leur arriver s'ils le faisaient", a t-il déclaré. "J'avais l'habitude de rechigner quand j'entendais ça des pro Trump, et je le fais encore, mais c'était une réalité, je vivais au jour le jour. Je suis parti car je ne voulais plus être leur Sarah Sanders".

Quoi qu'il en soit, l'intervention du Comité pour l'investissement étranger aux États-Unis (CFIUS) en début d'année a contraint Kunlun à revendre Grindr à une société américaine. L'agence a fait valoir que les activités d'ingénierie à Pékin mettaient en danger les informations des quatre millions d'utilisateurs quotidiens de Grindr - statut VIH, localisation, contact, photos privées - risquant d'être partagées illégalement dans des formats non sécurisés et par des sociétés tierces. En mars dernier, il a été décidé que Grindr devait être revendu d'ici juin 2020.

A LIRE AUSSI : A Bordeaux, un compte twitter anonyme publie les photos intimes de dizaines d'utilisateurs de Grindr 

 

Crédit photo : Shutterstock