Edito

Le télescope James Webb, un grand pas mais un nom très petit

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Le successeur de Hubble, qui décolle samedi de Kourou, devrait permettre de remarquables avancés dans l’étude de l’univers ancien. Dommage qu’il porte le nom d’un zélateur maccarthyste.
par Dov Alfon
publié le 23 décembre 2021 à 21h16

C’est un très beau cadeau de Noël à l’humanité. Il a coûté plus de 10 milliards de dollars, et non, on ne peut pas l’échanger après, mais beaucoup retiendront leur souffle ce samedi 25 décembre, quand la fusée Ariane 5 s’élancera de Kourou, en Guyane française, pour lancer dans l’espace une machine merveilleuse comme les aimait Jules Verne : le JWST, le plus grand télescope spatial jamais conçu. Son humble prédécesseur lancé en 1990, Hubble, avait déjà révolutionné notre connaissance des galaxies. Avec son miroir presque trois fois plus grand et son autonomie décuplée qui l’emmènera bien plus loin, le nouveau télescope fait déjà rêver. Mais c’est surtout grâce à sa vision infrarouge qu’il pourra nous offrir une vue sur des astres depuis longtemps disparus, sur le passé lointain de notre univers, sur la naissance d’étoiles à travers les nuages de poussière interstellaire, sur l’origine de notre univers et, qui sait, peut être sur l’origine de la vie.

Ce projet américano-européen est resté enlisé dans des problèmes technologiques, politiques et financiers pendant près de trente ans ; son aboutissement est donc indéniablement jour de fête, même s’il faudra peut-être attendre six mois avant d’en recevoir les premières images célestes. D’ailleurs, même les républicains les plus hostiles aux financements publics n’ont pas osé bloquer le décollage du JWST et, si un grief mérite d’être retenu, c’est plutôt sur ce nom, acronyme de James Webb Spatial Telescope. James Webb était un administrateur de la Nasa et, avant cela, pendant l’ère McCarthy, il était secrétaire d’Etat pendant la «Peur Violette», la purge anti-gays des fonctionnaires qu’il a docilement mise en place. N’aurait-il pas mieux valu choisir le nom de Nancy Roman, l’astronome américaine décédée en 2018 et reconnue comme «la mère de Hubble» ? Si le JWST ne peut maintenant être rebaptisé, on choisira pour notre part d’y voir l’acronyme américanisé de son vrai précurseur, le Jules Werne Spatial Telescope.

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