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Le 16 mars, Rosa Bonheur a atteint l’âge canonique de 200 ans. Et s’offre pour l’occasion, après des années d’invisibilité, un dépoussiérage en règle, avec deux grandes expositions en préparation, une au musée d’Orsay et l’autre au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, des couvertures de magazines, un timbre… Bref, la peintre est enfin célébrée à sa juste valeur. Mais derrière les hommages à la grande artiste, une bataille cachée fait rage. L’attaque, qui vient semble-t-il de la même droite qui se battait il n’y a pas si longtemps contre le mariage pour tous, vise à la rendre hétérosexuelle. En 2022, sérieusement ?
Résumons les faits. Rosa Bonheur était une peintre animalière d’une indépendance folle par rapport à l’époque dans laquelle elle a évolué. Venue d’un milieu plutôt modeste, elle a atteint l’indépendance financière grâce à sa peinture, portait le pantalon et les cheveux courts, à rebours des modes et des lois de l’époque qui prohibaient le «travestissement». Cette indépendance de moyens lui permettait de vivre sa vie comme elle l’entendait, en l’occurrence en concubinage avec sa compagne depuis l’adolescence, Nathalie Micas, puis avec la jeune peintre Anna Klumpke r