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Vitry sur Seine, le 25 mars 2022. Chez Hoàng Phan Bigotte et Thomas Leduc dont les archives constitueront la grande majorité de la collection du futur centre LGBT parisien
de l'Académie Gay & Lesbienne
Jules Faure pour M Le magazine du Monde

Les gardiens de la mémoire LGBT

Par 
Publié le 07 mai 2022 à 01h32, modifié le 16 mai 2022 à 10h48

Temps de Lecture 11 min. Read in English

Au début de l’année 2001, les journaux français reçoivent un communiqué annonçant la naissance d’une « Académie gay et ­lesbienne » : « Merci de ne plus jeter à la poubelle vos vieux papiers : livres, magazines, programmes, guides, catalogues, affiches, tracts, flyers… Nous sauvons et gardons tout sur l’homosexualité, la bisexualité et la transexualité. » Seul le très avant-gardiste Nova Magazine relaie l’information. Thomas Leduc, 27 ans à l’époque, tombe sur la brève. Documentaliste, il contacte cette académie pour proposer son aide. En fait d’académiciens, il tombe sur Hoàng Phan, un ancien libraire qui vit d’une maigre allocation au milieu des 15 000 documents qu’il a déjà collectés au fil des ans. Ils ne se quitteront plus.

A 46 ans, Hoàng considère son existence comme « du bonus » depuis que, quinze ans plus tôt, il a « chopé le sida ». Né au Vietnam en 1955, Hoàng Phan a grandi dans une famille de riches propriétaires de rizières et a fui sur l’un des derniers cargos partis le jour de la prise de Saïgon par les communistes, le 30 avril 1975. Il retrouve sa grand-mère et sa mère en France. Réfugiés politiques, ils emménagent dans un HLM à Saint-Cloud. Hoàng découvre la drague aux Tuileries, ramène « des mecs » sans que sa mère ne commente. Il fréquente le groupe Arcadie, premier mouvement « homophile » français, lieu de « l’homosexualité à la papa », comme il dit, où l’on peut toujours compter sur « un flic, un avocat ou un médecin spécialiste des maladies vénériennes ».

Travail de pionnier

Quand, en 1987, Hoàng Phan apprend qu’il est contaminé, il sait qu’il n’y a pas de traitement. « Séropositif, à l’époque, c’était crémation dans l’année. » Dans le métro, sur le chemin du retour, il trouve dans une poubelle « un livret à destination du personnel soignant. Ça m’a permis d’apprendre des choses que je ne lisais pas dans les journaux sur les symptômes, les traitements ». Le document vient rejoindre les flyers, tracts, revues qu’il garde sur des palettes ramassées au marché. Car Hoàng Phan conserve tout. Par instinct, dit-il.

Hoàng Phan Bigotte et Thomas Leduc chez eux, dans le Val-de-Marne, le 25 mars 2022.

En près de quarante ans, il rassemble ce qui va devenir l’un des plus grands fonds d’archives LGBT de France. Un travail de pionnier dont tout le monde lui sait gré, mais qui se trouve aujourd’hui l’enjeu d’un guêpier politico-militant. Tous l’admettent : sa collection serait essentielle à la création d’un centre d’archives LGBTQI +. Hoàng, qui tient à ne pas éparpiller son fonds, et voudrait pouvoir le mettre à disposition du public, en rêve. Mais avec quels partenaires ? Financé comment ? Où ?

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