LGBTphobieLe président de la FFF refuse d'arrêter les matchs en cas d'injures homophobes

Par Antoine Patinet le 10/09/2019
FFF

Le président de la Fédération Française de Football refuse d'arrêter les matchs en cas d'injure homophobe. En revanche, il arrêterait un match pour un "cri raciste".

Voilà qui remet une pièce dans la machine. Noël le Graët, le président de la Fédération Française de Football (FFF) était invité ce matin sur la matinale de France Info. Il a profité de cet espace de parole pour demander aux arbitres de ne plus interrompre les matchs en cas d'injures ou de banderoles homophobes.

"Je n'arrêterai pas les matchs, pour être tout à fait clair. Le football reçoit tout le monde, toutes les classes sociales, tous les joueurs qui acceptent de jouer au ballon sont parfaitement bien reçu dans nos clubs. Je ne veux pas être pris en otage sur l'homophobie, il n'y'a pas d'omerta, et il y a une volonté farouche de faire en sorte qu'on puisse être sur un stade de façon très digne, amicale et en famille... Mais l'arrêt des matchs ne m'intéresse pas. 

"J'arrêterai un match pour des cris racistes"

Il ne s'agit pas selon lui de la responsabilité de la FFF de mettre un terme aux injures homophobes dans les stades, qu'elles soient scandées ou écrites. "Ici c'est le service sécurité des clubs qui doit contrôler qui rentre sur le terrain, pour faire en sorte que ces banderoles disparaissent rapidement." Néanmoins, tous les propos haineux ne relèvent pas du "service de sécurité des clubs" : "J'arrêterai un match pour des cris racistes." a-t-il continué"J'arrêterai un match pour une bagarre, s'il y a un danger pour la tribune." 

"Vous demandez désormais aux arbitres de ne plus arrêter les match en cas de banderoles ou de chants homophobes, dès la prochaine journée ?" insiste alors le journaliste Et Noël le Graët persiste et signe : "Vous m'avez bien compris." 

"Il n'y a aucun problème"

Pour le président de la Fédération, il n'y a pas d'homophobie dans le football : " Il faut en parler mais il faut agir dans les stades, considérer que le football est homophobe est quand même un peu fort de café, je n'accepte pas. Je trouve ça absolument anormal qu'un sport qui a 2 millions de licenciés, qui fait en sorte d'éduquer, qui a un nombre maximum d'éducateurs - car il y a plus de moyens -,  qui a des garçons, des filles... Il n'y a absolument aucun problème."  

Il s'agit selon lui simplement d'actes isolés de supporters, "quelques spectateurs" qui "exagèrent". Noël le Graët entend toutefois "faire en sorte que les banderoles disparaissent, mais arrêter le match, non." 

Noël Le Graët s'était déjà positionné vendredi dans un entretien au journal Ouest-France sur cette question, en montant au créneau contre les politiques, à commencer par la ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui lui avait répondu en estimant qu'il avait tenté de "décrédibiliser" sa parole. M. Le Graët a insisté mardi: "L'homophobie c'est un problème national. Je
n'accepte pas que seul le football soit concerné par l'homophobie parce que c'est tellement faux, c'est un problème national", a-t-il martelé sur France Info.

 

Matchs interrompus

Les propos du président de la FFF interviennent après plusieurs matchs polémiques. Le match Nice-Marseille, le 28 aout dernier, avait été interrompu pendant 12 minutes après que l'arbitre ait demandé aux ultras de la Populaire Sud (ex-Brigade Sud) de cesser les chants : "Les Marseillais c’est des pé**s" et « La Ligue, on t’en***e ». Ces derniers avaient également déployé une banderole "A Nice aussi, on aime les pédales".

Depuis le début de la saison, plusieurs rencontres ont été brièvement interrompues en L1 et L2 pour faire cesser des chants homophobes lancés des tribunes ou le déploiement de banderoles injurieuses. Une fermeté réclamée et vivement saluée par la ministre des Sports, sa collègue chargée de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, et par les associations de lutte
contre l'homophobie.

Une réunion devait avoir lieu, jeudi 5 septembre dernier, entre des représentants de supporters et des associations de lutte contre les LGBTphobies. Elle avait été reportée à la demande des supporters, qui tenaient leur assemblée générale deux jours plus tard. La réunion, selon le quotidien sportif L'Equipe, devrait finalement se tenir mercredi 11 septembre.

 

 

Avec AFP