POLÉMIQUE - La boucle est bouclée? Ce mardi 18 août, le site de paris sportifs Winamax a pris une décision. Devant la polémique soulevée par l’un de ses tweets jugé homophobe, il a finalement retiré ledit message de son profil.
“Nous supprimons immédiatement notre tweet ‘choquant’, ‘abject’ et insupportable”, peut-on lire dans une courte réponse écrite sur Twitter.
Un message ironique? Winamax ne se contente pas de supprimer son tweet et de le dire. Il relaie également la lettre d’une députée ayant fait remonter l’affaire du tweet jusqu’au Premier ministre.
Les mots entre guillemets sont en effet ceux employés par la députée LREM Olga Givernet. Lundi, l’élue de l’Ain a adressé un courrier à Jean Castex pour lui demander de réagir sans délai à la publication de Winamax.
“On prend l’Europe, on l’encule à deux”, était-il écrit en légende d’un montage photo, depuis supprimé, où la tête des rappeurs de PNL (dont les paroles ont été reprises dans ce tweet) avaient été remplacées par les logos du PSG et de l’OL.
“Profiter d’un buzz”
“Je me permets de vous rappeler que les jeux d’argent sont interdits en France sauf sur dérogation de l’État, souligne Olga Givernet. [...] Je suspecte Winamax de profiter d’un buzz médiatique, généré par lui-même sur la base de propos homophobes pour augmenter les prises de pari dans une actualité sportive propice et ainsi maximiser ses profits.”
Elle demande au Premier ministre d’interdire à Winamax de proposer des paris sportifs en France “et ce, avant les compétitions en référence dans le tweet”.
Avant elle, d’autres personnalités politiques étaient montées au créneau. Trois ministres notamment. “Sérieusement Winamax, vous vous croyez où? Votre tweet est à vomir. Twitter, ça ne vous dérange pas de laisser passer ce genre de messages”, s’était insurgée la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. “Les propos haineux et homophobes doivent être bannis des réseaux sociaux”, a condamné Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
De son côté, la nouvelle ministre de la Citoyenneté Marlène Schiappa ajoutait: “On peut, bien sûr, se contenter de répéter ce qu’on a toujours entendu. On peut aussi réfléchir à la portée de nos propos publics.”
Une insulte “homophobe et sexiste”
Ce qui était reproché ici, c’était l’emploi du mot “enculé”. “C’est homophobe parce qu’on cherche à rabaisser l’autre en l’associant à l’homosexualité, et en le renvoyant à une supposée passivité. L’enculé porte socialement les marques de l’infériorité, qui sont des caractéristiques socialement associées aux femmes. C’est en ce sens une insulte à la fois homophobe et sexiste”, nous expliquait en 2019 Veronica Noseda, secrétaire générale des Dégommeuses, une association qui promeut l’égalité dans le football.
Pour l’enseignante en philosophie Olivia Gazalé, interrogée par 20 Minutes, “celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre”.
L’autrice du Mythe de la virilité estime que les hommes “sont encore trop souvent conditionnés par les stéréotypes sexués qui leur imposent de faire sans cesse la démonstration de leur puissance, de leur performance, de leur combativité, de leur courage… et de leur hétérosexualité.”
À voir également sur Le HuffPost: Face à l’homophobie dans les stades, Deschamps appelle à ”être intransigeant”