Algérie : condamnations collectives pour homosexualité Oct15

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Algérie : condamnations collectives pour homosexualité

Le 3 septembre dernier, un tribunal algérien a condamné deux hommes à des peines de prison et 42 autres personnes à des peines avec sursis à la suite d’arrestations massives par la police dans le cadre d’un « mariage gay » présumé, a déclaré Human Rights Watch qui estime que « les autorités devraient annuler les actes d’accusation et remettre immédiatement ces personnes en liberté. »

Le 24 juillet 2020, après des plaintes de voisins, la police a effectué une descente dans une résidence privée à el-Kharoub, un district de la province de Constantine, dans le nord-est de l’Algérie. La police y a arrêté 44 personnes, neuf femmes et 35 hommes, pour la plupart des étudiants inscrits à l’université. Un avocat algérien travaillant sur cette affaire a déclaré à Human Rights Watch que le tribunal s’était appuyé sur des rapports de police faisant état de décorations, de fleurs et de pâtisseries indiquant qu’un mariage était célébré, et sur l’allure prétendument gay des hommes présents, comme preuves de leur culpabilité.

« Que les autorités algériennes s’en prennent aux libertés individuelles n’a rien de nouveau, mais arrêter des dizaines d’étudiants en raison de leur orientation sexuelle présumée est une violation flagrante de leurs droits fondamentaux », a déclaré Rasha Younes, chercheuse auprès du programme Droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) à Human Rights Watch. « Elles devraient immédiatement remettre en liberté les deux hommes emprisonnés qui seraient libres aujourd’hui sans les lois algériennes régressives contre l’homosexualité. »

Le tribunal a reconnu les 44 personnes coupables de « relations homosexuelles », d’« outrage public » et de « mise en danger d’autrui par la violation des mesures de quarantaine relatives au Covid-19 ». Deux hommes ont été condamnés à trois ans de prison et à une amende, et les autres personnes à un an avec sursis.

En Algérie, les relations homosexuelles sont passibles de deux ans de prison maximum en vertu de l’article 338 du code pénal. En outre, l’article 333 durcit la peine pour outrage public à la pudeur, qui passe de six mois à trois ans de prison plus une amende, dans le cas d’« acte contre nature avec un individu du même sexe», que ce soit entre hommes ou entre femmes.

Source : Human Rights Watch