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Au Sénégal, trois hommes arrêtés après l’agression présumée homophobe d’un étranger

Selon un site d’information local, la victime est un musicien américain qui a été « accusé à tort d’être un homosexuel par des individus mal intentionnés ».

Le Monde avec AFP

Publié le 24 mai 2022 à 16h13, modifié le 24 mai 2022 à 16h23

Temps de Lecture 2 min.

Des hommes brûlent le drapeau LGBT lors d’une manifestation appelant à réprimer plus fortement l’homosexualité, à Dakar, le 20 février 2022.

Trois hommes ont été arrêtés et présentés à la justice sénégalaise après l’agression violente, la semaine dernière, d’un jeune étranger par une foule qui lui a lancé des insultes homophobes, a indiqué lundi 23 mai une source policière. L’agression est survenue le 17 mai dans le quartier HLM de Dakar. Des vidéos diffusées sur YouTube et TikTok montrent une foule en colère de plusieurs dizaines d’hommes encerclant en plein jour un jeune homme pieds nus et vêtu simplement d’un caleçon, et lui administrant des claques sur le dos et la tête en proférant des invectives homophobes.

Selon le site d’information sénégalais Seneweb, la victime est un musicien américain qui, « à cause de son style, son habillement », a été « accusé à tort d’être un homosexuel par des individus mal intentionnés ». Il était venu à Dakar avec une amie et des collègues pour la Biennale, un événement d’art contemporain africain en cours dans la capitale, explique Seneweb. La victime et les personnes avec lui ont été dépouillées de leurs téléphones portables et de leurs effets personnels, selon le site.

Une source policière interrogée par l’AFP ne s’est pas prononcée sur la nature de l’agression. Mais elle a indiqué que « trois individus ont été arrêtés par la police du quartier HLM et déférés au parquet pour mise en danger de la vie d’autrui et violences ». Elle a requis l’anonymat, relevant la « sensibilité de cette affaire ». « La victime est saine et sauve, elle a regagné son domicile », a ajouté cette source, précisant que le pays d’origine de la victime avait insisté sur la « confidentialité » de l’affaire. Sollicitée par l’AFP, l’ambassade américaine au Sénégal ne s’est pas exprimée.

L’agression est survenue en pleine controverse autour du footballeur sénégalais Idrissa Gana Gueye, joueur du Paris-Saint-Germain, après qu’il a refusé de s’associer à la lutte contre l’homophobie en portant un maillot arc-en-ciel lors d’un match en France.

« Les populations souhaitent faire justice elles-mêmes »

Alexandre Marcel, président du comité Idaho France, une association venant en aide à des membres persécutés de la communauté LGBTI en particulier en Afrique, a exhorté lundi à la protection des homosexuels au Sénégal. « Quand vous êtes LGBTI aujourd’hui au Sénégal, vous êtes en danger car les populations souhaitent faire justice elles-mêmes. Les LGBTI fuient et pas un jour ne passe sans que nous ne recevions un appel à l’aide ou au secours en provenance du Sénégal », a-t-il dit à l’AFP.

Dans ce pays musulman à 95 % et très pratiquant, l’homosexualité est largement considérée comme une déviance. La loi sénégalaise réprime d’un à cinq ans de prison les actes dits « contre-nature avec un individu de son sexe ». L’homosexualité est aussi volontiers décriée comme un instrument employé par les Occidentaux pour imposer des valeurs étrangères à la culture et aux traditions sénégalaises.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Sénégal, un soutien très politique à Idrissa Gueye

Dans une tribune publiée par la presse, Abdou Latif Coulibaly, secrétaire général du gouvernement sénégalais, estime que « les désirs et demandes du puissant lobby LGBT ne peuvent pas être des ordres pour l’humanité tout entière ». Idrissa Gana Gueye est atteint par une « hystérie » et une « injustice qu’on veut lui infliger en l’obligeant à poser un acte qui heurte sa conscience », dit-il.

Abdou Latif Coulibaly s’en prend en particulier au courrier par lequel la Fédération française de football a sommé le joueur de s’expliquer. « Un gouverneur colonial n’aurait pas été pire dans la manière de convoquer un “indigène” », juge-t-il. Il se demande si l’Occident n’a pas « tout simplement et collectivement perdu la raison » et affirme que cet Occident ne se rend pas compte qu’une partie de l’humanité à laquelle il imposerait sa volonté, y compris par la force, est « mieux préparée à résister ».

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Le Monde avec AFP

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