DROITS LGBT - Elisabeth Moreno s’est-elle réjouie trop vite? Dans un communiqué de presse publié jeudi 10 décembre, la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes s’est félicitée de l’entrée de la France dans le top 5 des pays européens en matière de lutte contre les discriminations et d’avancée des droits des personnes LGBT+.
“Classée au 13e rang en mai 2020, la France réintègre le top 10 pour la première fois depuis 2013 et se hisse à la 4ème place, un rang jamais atteint jusqu’à présent”, note le document. Mais à en croire l’ILGA-Europe, l’association à l’origine de ce classement, ce n’est pas tout à fait exact.
“La France a toujours été dans le top 10 depuis 2013, sauf en mai 2015 (11e place) - et en mai 2020 (14e place)”, précise l’association au HuffPost, ajoutant que l’Hexagone s’était même hissé ”à la cinquième place du classement en mai 2017″, sous le mandat de François Hollande.
Par ailleurs, notre position dans ce classement est à mettre en parallèle avec les chiffres de nos voisins européens. Ainsi, si la France est à un score de 69% en décembre 2020, il était de 73% en mai 2018.
Les bénéfices du plan contre la haine LGBT
Une chose est sûre en revanche : la France a bondi de la 13ème à la 4ème place en moins de sept mois. Comment expliquer une telle remontée? “Le lancement du Plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations le 14 octobre explique en grande partie cette forte progression, affirme le ministère à l’égalité femmes-hommes.
Une information confirmée par l’ILGA-Europe. “La France avait perdu presque sept points dans notre index entre mai 2019 et mai 2020. La raison principale était que le plan d’action du gouvernement pour l’égalité avait expiré et qu’il n’y avait pas de nouveau plan en place (...) avec la publication de ce plan, la France a gagné des points grâce à ‘son action pour l’égalité’ ou encore ses ‘politiques de lutte contre la haine’ et contre les ‘crimes haineux’.”
La modification de l’article L711-2 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, entrée en vigueur le 14 mai dernier, a également fait “gagner des points à la France”, fait savoir l’ILGA-Europe.
Un plan “d’ambition et de volonté politique”
Sollicité par Le HuffPost, le président du MAG Jeunes LGBT Omar Didi apporte une nuance importante : “l’ILGA-Europe n’évalue pas la mise en œuvre de ce plan”. Selon Omar, il s’agit d’ailleurs plus “d’un plan d’ambition et de volonté politique, car “si certains moyens ont été alloués, d’autres restent encore à définir”, analyse-t-il.
L’ILGA-Europe met d’ailleurs en garde la France : “Nous surveillerons dans les mois à venir comment ces engagements deviennent une réalité et s’ils apportent un réel changement pour les communautés LGBTI.”
L’association ajoute que seules les lois et politiques en vigueur rentrent en compte dans ce classement : ainsi des mesures telles que l’ouverture prochaine de la PMA pour toutes ou l’interdiction future des thérapies de conversion sont saluées, mais pas été intégrées au calcul de la note.
Un classement encore provisoire
Une note d’ailleurs provisoire, puisque le classement final ne sera divulgué qu’en mai prochain, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les LGBTphobies. “La France devrait conserver sa quatrième place”, croit savoir Omar Didi. Mais un renversement de situation est toujours possible.
Selon l’ILGA-Europe, la France pourrait ainsi perdre des points, notamment si la “liberté d’association ou de manifester n’était pas respectée” ou si ses voisins européens mettaient en place des mesures plus ambitieuses dans les prochains mois.
L’association se veut toutefois optimiste : “Nous espérons que la France prendra la tête de l’égalité des LGBTI en Europe et sera un modèle pour d’autres pays”.
Contacté par le HuffPost, l’entourage d’Élisabeth Moreno n’avait pas encore répondu à nos sollicitations ce vendredi soir.
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