LGBTQ - Alors que deux études ont cette semaine fait état d’une forte progression de l’homophobie (Ifop et SOS Homophobie), une troisième enquête, réalisée à Bordeaux et dévoilée par 20 Minutes, vient ce jeudi 16 mai en rajouter une couche.
Menée par deux sociologues, Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn, entre octobre 2018 et février 2019, celle-ci montre que 83% des personnes interrogées (1640 au total) ont vécu au cours des douze derniers mois un événement LGBTphobe. Dans près d’un tiers des cas, il s’agit de regards insistants et menaçants (30%) ou de commentaires non désirés et d’injures (29%).
Des chiffres au final peu étonnants selon Arnaud Alessandrin, contacté par Le HuffPost: “On sait que les violences LGBTphobes sont quasi quotidiennes et qu’elles concernent plus les personnes trans que les lesbiennes et les gays”, souligne-t-il.
Mais l’un des chiffres les plus marquants de ce rapport concerne les témoins de ces événements. Ils sont 12% dans les cas de gayphobie, 13% dans les cas de lesbophobie et 6% de transphobie, à intervenir pour aider la victime.
Mais ils sont 11% à participer... pour enfoncer la victime dans les cas de gayphobie et lesbophobie. Pire, ce chiffre atteint 38% lorsqu’il s’agit de personnes transgenres.
Bien moins de tolérance envers les personnes trans
Cela signifie que dans près de deux cas sur cinq, lorsqu’une personne trans subit une agression à Bordeaux, les témoins ne se contentent pas d’être passifs, ils viennent empirer la situation. “En général, ce chiffre tourne autour de 10%, c’est donc énorme en ce qui concerne les personnes trans”, insiste le sociologue. “Nous sommes beaucoup moins tolérants envers les personnes trans et cette intolérance perdure”, poursuit-il.
“C’est dire combien la transphobie ne réveille pas d’intervention des témoins, bref, d’acte citoyen”, écrivent encore les sociologues dans leur rapport. La transgression des normes de genre est visible et elles sont particulièrement l’objet du rejet.
Autre constat: les lesbiennes sont plus victimes d’exhibitionnisme, de viols ou tentatives de viols et de commentaires sexistes que les hommes qui eux, sont plus soumis aux agressions et menaces. Ces agressions quelles qu’elles soient se déroulent le plus souvent dans la rue (81%) ou dans les transports (19% dans le bus et 41% dans le tramway).
Mais face à ces agressions, les témoins ne savent pas non plus toujours réagir. C’est pourquoi les sociologues préconisent entre autres dans leur rapport la création d’un guide contre les agressions LGBTphobes en ville, la formation des conducteurs, des policiers municipaux ou encore la mise en place d’un protocole d’action en cas d’agression homophobe ou transphobe.
Mardi 14 mai, le rapport annuel de l’association SOS Homophobie montrait que 2018 avait été une “année noire” pour les personnes LGBT. Dans celui-ci, les cas d’actes haineux ayant eu lieu dans les lieux publics représentent 13% du total des témoignages. Ils se manifestent dans 80% des cas par des insultes.
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