PARIS - L’université de la Sorbonne a condamné ce mercredi 30 septembre les propos de l’un de ses enseignants de droit qui avait, la veille, associé mariage pour tous et zoophilie lors d’un cours.
“Les principes de liberté d’expression et d’indépendance des professeurs d’université, aussi fondamentaux qu’ils soient, ne sauraient abriter des propos de nature discriminatoire”, écrit l’université dans un communiqué. “La référente égalité femmes-hommes, harcèlement et non-discrimination de l’université, Anne-Marie Leroyer, a été saisie de cet incident”, poursuit le texte, précisant que l’administrateur provisoire de l’université, le professeur Thomas Clay, s’était entretenu avec l’enseignant titulaire dans la matinée.
“Comme les autres, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a une vocation universelle. Elle est un lieu qui accueille et respecte chacun, sans distinction selon ses origines, sa religion, ses opinions ou son orientation sexuelle”, conclut le communiqué.
“J’ai une jument, je ne peux pas l’épouser, c’est un scandale”
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux mardi montre un extrait d’un cours, diffusé en direct en ligne, du professeur agrégé d’histoire du droit Aram Mardirossian. Il y explique être “opposé” au mariage pour tous, voté en France en 2013, tout en “admettant qu’il y ait des gens qui soient pour”.
Le professeur, auteur de plusieurs livres et de tribunes publiées sur le site d’informations Atlantico.fr, classé à droite, et dans l’hebdomadaire de droite radicale Valeurs actuelles, entame ensuite une démonstration, prévenant: “Ce que je vais dire va prendre un ton polémique” mais “ce n’est pas de la polémique pour la polémique”.
Dans une autre vidéo publiée par le même compte Twitter, le professeur aborde le sujet des transidentités et parle de “folies”.
Dans une troisième vidéo, Aram Mardirossian évoque les “théories dites du genre où au fond, le sexe vous le choisissez”. “Objectivement, mettez-vous tout nu devant une glace (...) Sur 10.000 personne il y en aura peut-être une où ça va être flou... mais pour 9999, au niveau des organes, au niveau biologique pur, il y a clairement des éléments visibles et la bascule dans un sexe ou l’autre. Après l’idée c’est de dire: ’Je nie ça. Je suis peut-être né comme ça mais je suis autre chose’. Pourquoi pas, mais il faut bien se rendre compte que c’est l’homme tout puissant, face à des éléments d’ordre biologique et naturel. C’est un choix de société, le droit, là-dedans, c’est du vent”.
“Là j’en parle d’une manière qui a l’air un peu méprisante, mais pas du tout”, se défend plus tard le professeur. “Ce sont des cas terribles, très douloureux, ça doit être quelque chose d’horrible, dur à vivre”, ajoute-t-il.
Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, a salué sur Twitter la “condamnation très claire” de la Sorbonne. “La haine anti-LGBT n’a pas sa place à la Sorbonne”, a-t-il écrit.
Ces propos avaient notamment été dénoncés sur Twitter par l’Association des familles homoparentales (ADFH).
“Je n’ai à aucun moment enfreint la loi”, assure le professeur
Dans un droit de réponse adressé au HuffPost jeudi, le professeur “rejette catégoriquement” ce qu’il considère être une “grave accusation”. “Dans les passages qui me sont attribués en les sortant de leur contexte, je n’ai à aucun moment enfreint la loi”, assure-t-il.
À propos de son cours, Aram Mardirossian dit qu’il avait pour objet “l’histoire du droit de la famille”, et qu’il y a notamment fait le constat d’une ”évolution sans précédent de la conception du mariage”. “C’est pour illustrer cette possibilité d’évolution quasi-illimitée, que j’ai mis en avant un exemple particulièrement actuel et parlant”: la demande de certains “au sein du courant ‘antispéciste’” d’une “reconnaissance de la personnalité juridique” de “certains animaux, au nom du principe de non discrimination”.
“La conclusion s’imposait d’elle-même, comment exclure la possibilité d’épouser un animal qui possèderait une personnalité juridique? (...) À aucun moment, je n’ai mis sur le même plan, homosexualité et zoophilie”, se défend-il, estimant être victime d’un “procès d’intention” instruit par “certains militants” et lié à son hostilité affichée au mariage pour tous.
“J’admets tout à fait avoir exprimé mon inquiétude à l’égard de l’emballement
législatif et judiciaire qui caractérise aujourd’hui le traitement de la situation douloureuse des personnes transsexuelles. L’expression directe de ma pensée a pu blesser ces personnes. Je le regrette vivement”, conclut Aram Mardirossian, qui dénonce les “commentaires injurieux qu’ont suscités ces propos tronqués”, et “le procédé consistant à diffuser sur les réseaux sociaux, en totale infraction à la loi, l’image d’un enseignant pendant son cours”.
Voici ci-dessous le droit de réponse complet d’Aram Mardirossian:
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