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Dans le Brésil de Bolsonaro, le martyre des transgenres

Par  (Rio de Janeiro, correspondant)
Publié le 08 février 2021 à 10h53, modifié le 08 février 2021 à 17h13

Temps de Lecture 4 min.

Persefone Gray, une résidente de la Casa Nem, à Rio, un refuge pour les transexuels confrontés à la précarité et à une recrudescence de la violence.

Au Brésil, pas une semaine ne passe sans que n’apparaisse dans la presse le récit d’un de ces crimes atroces qui donnent la nausée. Il y a eu Chiara, jeune maquilleuse de 27 ans assassinée à coups de couteau. Samylla, tuée par balle au bord d’une plage de Fortaleza, dans le Nordeste. Marcia, tabassée et abandonnée dans un terrain vague dans la banlieue de Rio. Ou encore Vicky, étranglée par ses assassins, qui jetèrent ensuite son corps au milieu d’un champ près de São Paulo avant d’y mettre le feu.

Ces victimes, mortes en 2020, ont un point commun : toutes sont des femmes transgenres.
Le 29 janvier, à l’occasion de la Journée de la visibilité trans au Brésil, l’ONG Antra, qui lutte pour le droit des minorités sexuelles, a publié son rapport annuel. Accablant, comme toujours. Avec 175 assassinats recensés en 2020, le Brésil demeure le premier pays au monde pour les meurtres de trans, loin devant le Mexique ou les Etats-Unis.

Un homicide tous les trois jours

Le bilan est lourd et, malgré la crise due au Covid-19, les chiffres ont explosé : + 41 % par rapport à 2019. Selon l’Antra, près de 1 500 trans ont été assassinés au Brésil en une décennie, soit un homicide tous les trois jours, en très large majorité des jeunes femmes de 15 à 29 ans, noires ou métisses. Derrière les chiffres, les crimes révèlent bien souvent la haine dont fait l’objet cette communauté au Brésil. Le meurtre par balle ou arme blanche est ainsi souvent précédé d’actes de torture : lapidation, mise à feu, pénis découpé…

« C’est très dur d’être trans au Brésil… », reconnaît Alicia. A 42 ans, cette native de l’Etat de Bahia habite aujourd’hui à la Casa Nem, à Rio. Le lieu, fondé par la militante transgenre Indianara (auquel Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa ont consacré un beau documentaire en 2019), sert de refuge aux personnes transgenres et travesties de la ville. Dans une petite et précaire maison jaune du quartier de Flamengo, une quinzaine d’occupants trouvent un toit et un peu d’affection. « Ici, on se sent respecté. On est traité comme des êtres humains », explique Alicia.

Peau noire, cheveux coupés court et teints en blond, Alicia ne compte plus les insultes et discriminations dont elle a souffert. « Il y a les refus immédiats lors des entretiens d’embauche, les insultes comme “pédé” ou “sale truie”, ou le harcèlement dans les transports… », liste-t-elle. Chassés de leurs familles, les trans se voient refuser emploi, éducation, soin de santé… Beaucoup tombent dans la prostitution. L’espérance de vie d’un trans brésilien ne dépasserait pas les 35 ans.

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