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Analyse

Eric Zemmour ou le national-masculinisme

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LGBT +dossier
Le discours d’Eric Zemmour n’est pas seulement xénophobe. Au cœur de sa rhétorique, on trouve la défense de l’homme blanc hétérosexuel, qui serait menacé par les femmes, les étrangers racisés et les personnes LGBT. Une véritable «intersectionnalité des haines», sur fond de prétendue «crise de la masculinité».
par Johanna Luyssen
publié le 8 avril 2022 à 17h56

Eric Zemmour misogyne ? Le scoop est éventé. Le polémiste a fait de l’antiféminisme l’un de ses fonds de commerce, avec la parution en 2006 du Premier Sexe (Denoël). Mais il y a mille manières d’être misogyne. A quelles sources Zemmour puise-t-il son inspiration et quelle vision genrée du monde propose-t-il ?

Postulat numéro 1: les hommes vivent une prétendue «crise de la masculinité»

On le sait, la question du déclin hante les livres d’Eric Zemmour – elle est au cœur du Suicide français (2014), son plus grand succès de librairie avec plus de 450 000 exemplaires vendus. Les premières victimes de ce déclin seraient donc une catégorie de personnes prétendument menacées, qu’il convient de remettre au centre des débats : l’homme blanc, hétérosexuel, et père de famille. L’époque dans laquelle nous vivons le menacerait. Il serait victime d’une «crise de la masculinité». L’expression est rebattue. Elle est régulièrement brandie comme un épouvantail par la droite, l’Alt-Right, et l’extrême droite du monde entier – récemment aux Etats-Unis, le sénateur républicain Josh Hawley accusait la gauche d’être responsable de la «crise des hommes américains». Eric Zemmour évoque lui aussi très abondamment le sujet, et ce depuis des année

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