Moyen-OrientEn Israël, les actes LGBTphobes ont augmenté de 36 % l'an passé

Par Timothée de Rauglaudre le 13/02/2020
Israël

D'après le dernier rapport de l'association Aguda, les actes LGBTphobes en Israël ont connu une hausse de 36 % en 2019. S'ils ont explosé sur Internet, on les trouve aussi dans la famille, à l'école... et au sein des institutions.

En Israël, les actes LGBTphobes ont augmenté de 36 % au cours de l'année 2019, d'après le septième rapport annuel d'Aguda, association LGBT+ installée à Tel Aviv depuis 1975. The Times of Israel relève que "2 125 cas ont été enregistrés l’année dernière – soit un toutes les quatre heures ou presque". Étonnamment, la majorité de ces actes, 60 %, se sont produits dans la région de Tel Aviv, qui accueille chaque année la plus grande Marche des fiertés du Moyen-Orient. Un revers de la visibilité croissante des personnes LGBT+ ?

À LIRE AUSSI : Des artistes LGBT+ boycottent l’Eurovision en Israël

Si la majorité des incidents se sont produit en ligne et en particulier sur les réseaux sociaux, 29 % ont eu lieu au sein de la cellule familiale, 272 adolescents ayant été contraints de quitter leur domicile en raison d'un contexte LGBTphobe. En outre, 8 % des actes LGBTphobes en Israël ont eu lieu dans des espaces publics, 5 % dans des établissements scolaires et seulement 3 % sur le lieu de travail, la moitié des agresseurs étant des supérieurs hiérarchiques, l'autre moitié des collègues.

"Thérapies de conversion"

Au-delà des lieux de la vie quotidienne, la LGBTphobie se retrouve aussi dans le champ des institutions. En effet, d'après le rapport de l'Aguda, 39 % des préjugés à l'égard des personnes LGBT+ émanent des services de l’État, et notamment de l’Autorité des postes frontaliers, de la population et de l’immigration (PIBA) qui s’occupe des dossiers de mariage et de filiation, des demandes de modification de la mention de sexe à l'état civil et des GPA à l’étranger. The Times of Israel rappelle que des membres de l'Aguda et d'autres organisations LGBT+ ont rencontré récemment le responsable de la PIBA, "qui s’est dit prêt à agir sur cette question".

À LIRE AUSSI : Colère en Israël après les déclarations homophobes d’un ministre

Le rapport montre aussi à quel points les actes LGBTphobes peuvent être provoqués par certaines actualités politiques. Ils ont ainsi augmenté, en ligne, de 58 % en août 2019 lorsque le ministre de l’Éducation Rafi Peretz, président du parti sioniste religieux Le Foyer juif, s'était déclaré favorable aux "thérapies de conversion" des homosexuels - avant de revenir sur ses propos - et lorsque le nouveau parti d'extrême droite Noam, favorable à un État halakhique, c'est-à-dire théocratique, avait lancé sa campagne électorale ouvertement anti-LGBT+. "[La réalité des LGBTphobies] se renforce lorsque le ministre de l’Éducation israélien veut convertir un pan entier de la société, dénoncent dans le rapport les dirigeants d'Aguda. Nous ne nous laisserons pas effacer de la sphère publique, nous protégerons la sécurité personnelle des membres de la communauté et nous continuerons à agir pour l’égalité et la liberté."

 

Crédit photo : U.S. Embassy Tel Aviv / Wikimedia Commons