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Consternation en Corée du Sud après la mort d’une ex-militaire transgenre

Byun Hee-soo s’était engagée volontairement en 2017, avant d’être renvoyée en 2020 en raison de sa transition de genre.

Le Monde avec AFP

Publié le 04 mars 2021 à 22h21

Temps de Lecture 3 min.

La sergente Byun Hee-soo, le 22 janvier 2020, à Séoul, en Corée du Sud.

Une militaire sud-coréenne limogée par l’armée après avoir eu recours à une intervention chirurgicale afin de changer d’identité sexuelle a été retrouvée morte, mercredi 3 mars, suscitant une vague de consternation et des appels à adopter une loi antidiscrimination.

Le corps de Byun Hee-soo a été retrouvé à son domicile de Cheongju, au sud de Séoul, a rapporté l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. Une enquête a été confiée à la police qui a confirmé sa mort à l’Agence France-Presse (AFP).

Aucun mot n’a été retrouvé, mais son décès est considéré comme étant un suicide, selon Yonhap. Citant des représentants des autorités, l’agence a affirmé qu’elle avait déjà tenté de se suicider il y a trois mois.

L’annonce de sa mort a suscité une vague de réactions. « L’ensemble de la société coréenne porte la responsabilité de sa mort », affirme un message publié sur Daum, numéro deux des portails Internet du pays. « Ceux qui l’ont ridiculisée et qui ont fait des commentaires malveillants en ligne parce qu’elle était transsexuelle, je veux que vous réfléchissiez à ce que vous lui avez fait. »

« Je suis une militaire de la République de Corée »

Byun Hee-soo s’était engagée volontairement sous les drapeaux en tant qu’homme en 2017, avant de recourir en novembre 2019 en Thaïlande à une opération chirurgicale de réassignation sexuelle.

Devenue femme, elle avait clairement fait part à sa hiérarchie de sa volonté de rester dans l’armée. En janvier 2020, une commission militaire avait ordonné son renvoi de l’institution militaire, le ministère de la défense estimant que la perte de ses organes génitaux masculins constituait un handicap mental ou physique.

A l’issue de son limogeage, Mme Byun était sortie de l’anonymat afin de plaider sa cause. « Je suis une militaire de la République de Corée », avait-elle déclaré, la voix tremblante. En uniforme, elle avait expliqué que servir sous les drapeaux était un rêve d’enfant. Mais elle avait dit souffrir de dépression en raison d’une « dysphorie de genre », autrement dit un profond sentiment d’inadéquation entre son corps et son identité sexuelle – d’où son choix de se faire opérer.

« Je veux montrer à tout le monde que, quelle que soit mon identité sexuelle, je peux être un de ces grands soldats qui défendent le pays ». « S’il vous plaît, donnez-moi cette chance », avait imploré la jeune femme.

Deux années de service militaire

La conscription existe toujours en Corée du Sud, où l’armée est principalement affectée à la protection du territoire face à la menace du Nord. Tout homme apte est tenu à deux années de service militaire. Mme Byun a été le premier soldat sud-coréen à connaître une opération de réassignation sexuelle durant son service.

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Le porte-parole adjoint du ministère de la défense, Moon Hong-sik, a présenté ses condoléances à la suite de cette « mort regrettable ». Il a cependant précisé qu’il n’y a pas eu de discussions approfondies sur la question des soldats transgenres.

Par ailleurs, des associations internationales de défense des droits dénoncent depuis longtemps le fait que les relations sexuelles consenties entre deux personnes de même sexe demeurent un délit aux yeux de la loi militaire sud-coréenne. L’armée poursuit sans relâche les soldats qui entretiennent des relations homosexuelles. Ils encourent deux ans d’emprisonnement assortis de travaux forcés en cas de condamnation par une cour martiale.

« Nous aurions pu la sauver »

La procureure sud-coréenne Seo Ji-hyun, à l’origine du mouvement #metoo dans son pays lorsqu’elle avait révélé avoir été victime de harcèlement sexuel de la part d’un supérieur, a réagi à la mort de l’ancienne militaire. « Nous aurions pu la sauver… Nous devions juste la laisser vivre sa vie telle qu’elle était », a-t-elle affirmé sur compte Facebook avant d’appeler « à un projet de loi antidiscrimination ».

L’an dernier, un projet de loi souhaitant lutter contre les valeurs traditionnelles profondément ancrées dans la société sud-coréenne a été proposé. Ce texte viserait à interdire tout favoritisme fondé notamment sur le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle, le handicap ou la religion.

Plus d’une douzaine de tentatives d’adoption de lois antidiscrimination ont échoué ces quatorze dernières années, notamment en raison de l’opposition des puissantes églises qui condamnent l’homosexualité et de certaines associations.

Le Monde avec AFP

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