Victoria et Lazare : sexualité sans frontières

"La domination, c'est un peu comme le jeu du chat et de la souris." Victoria ©Getty - 1001nights
"La domination, c'est un peu comme le jeu du chat et de la souris." Victoria ©Getty - 1001nights
"La domination, c'est un peu comme le jeu du chat et de la souris." Victoria ©Getty - 1001nights
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Lazare a dû fuir le Cameroun, son pays natal, où il était persécuté en raison de son orientation sexuelle. Il échappé de peu à la mort. Victoria, elle, a quitté l’Inde pour la France afin de pouvoir explorer librement sa propre sexualité, affranchie et joyeuse – avec quelques détours par le BDSM.

Lazare a dû fuir le Cameroun, son pays natal, où il était persécuté en raison de son orientation sexuelle. Il échappé de peu à la mort. Victoria, elle, a quitté l’Inde pour la France afin de pouvoir explorer librement sa propre sexualité, affranchie et joyeuse – avec quelques détours par le BDSM.

Lazare, persécuté pour sa sexualité

Lazare est né à Douala au Cameroun. Là-bas, l’homosexualité est interdite. Pendant des années, Lazare doit donc garder ses aventures secrètes, y compris aux yeux de sa propre famille. “On vivait en cachette, en clandestin.” Pour “faire plaisir” à sa mère et dissiper les soupçons de sa famille, il finit par accepter d’épouser une femme. La cohabitation est difficile. Lazare doit toujours voir ses amants en cachette, de peur de se faire arrêter. Jusqu’au jour où le pire arrive.

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Je pars en vacances, et quand je rentre au Cameroun, je me fais arrêter. Et pas directement : ils me donnent une convocation. Vous savez, dans mon pays, on n'a pas besoin de preuves pour vous arrêter pour quoi que ce soit. Quand je me suis rendu, on m’a mis dans une cellule, j'ai été bastonné. On ne me le demandait pas, on me disait : “Avoue que tu es ‘ça’.” Je disais non, parce que si je disais oui, c'était grave pour moi.Lazare

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Enfermé pendant quatre jours, Lazare est violenté au point de devoir être transféré à l’hôpital. Mais quelques temps plus tard, il est de nouveau arrêté pour avoir été vu avec deux amis étrangers. Il passe alors trois mois en prison, où il est battu, violé et humilié en permanence. “Je ne le souhaite pas à mon pire ennemi.” A sa sortie de prison, alors qu’il vient de vivre un enfer, Lazare se rend compte que toute sa famille lui a tourné le dos. Sa seule solution est alors de fuir vers l’Europe, extrêmement affaibli à cause d'une grave infection contractée en prison, afin d’y demander l’asile. Un combat pour une vie libre dont il ne voit pas encore le bout.

"J'espère que le juge sera clément avec moi, ça, je l'espère. Je ne veux pas mourir, je veux vivre. Tout le monde veut vivre. J'aime bien la vie. Je fais l'effort que ça aille mieux. À part l'état de santé que j'ai, ça va et j'aime bien la Belgique." Lazare

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Victoria : "J'ai assumé qui j'étais, pleinement"

Victoria a deux vies, “bien compartimentées” : il y a la Victoria de “la vie de tous les jours”, une jeune étudiante en lettres, plutôt sage, qui aime la romance et a une amoureuse, et une Victoria dominatrice, qui se livre à des jeux sexuels avec ses partenaires qu’elle appelle ses “soumis”, des hommes parfois bien plus âgés qu’elle.

J'ai senti dès le début de l'éveil de ma sexualité qu'il y avait aussi d'autres instincts qui se réveillaient, encore plus tabous, vraiment tournés vers la domination. Et je sentais que j'aimais prendre le contrôle, décider des choses et avoir d'autres personnes à ma merci. Je sentais que c'était quelque chose qui me plaisait, et je le comprenais pas du tout parce que j'étais complètement dépassée par ça.” Victoria

"BDSM" sont les initiales pour bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et masochisme. Un ensemble de pratiques sexuelles que Victoria a découvertes en quittant Pondichéry où elle a grandi pour faire ses études supérieures à Paris. Plus elle prend confiance en elle, plus elle s’amuse à tester de nouvelles pratiques, comme le shibari, l'art du bondage japonais.

En fait, j'aime contrôler la personne en lui infligeant de la frustration, de la douleur, en jouant un peu avec elle, en la mettant à l'épreuve. Vraiment comme un chat avec la souris. J'aime me dire que je peux amener l'autre là où j'ai envie, avec son consentement, bien sûr.Victoria

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Merci à Nicolas Deleau et à l’association Rainbow House de Bruxelles.

  • Reportage : Stéphanie Thomas
  • Réalisation : Yaël Mandelbaum
  • Mixage : Jean-Louis Deloncle

Chanson de fin : "Something On Your Mind" de Karen Dalton

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