Exclusif : Découvrez un extrait du livre témoignage de Fred Colby sur sa vie d'homme gay séropositif

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Komitid vous propose un extrait du chapitre 48, « Séropo et fier », en exclusivité, dans lequel Fred Colby raconte comment il veut mettre en avant le concept de sérofierté. 

Fred Colby, auteur de « T'es pas séropo ? », chez Librinova - Nina Zaghian

T’as pas le sida j’espère ? ! est le témoignage personnel et engagé et militant de Fred Colby sur son parcours de vie avec le VIH. Mais il raconte aussi les difficultés de grandir en tant que gay dans une petite ville et de la découverte de la sexualité mais aussi de la communauté LGBT+ à Paris. Le livre sort le 16 octobre chez Librinova (toutes les infos ici). Komitid vous propose un extrait du chapitre 48, « Séropo et fier », en exclusivité, dans lequel Fred Colby raconte comment il veut mettre en avant le concept de sérofierté.

 

« En juin 2018, de nouveau « libre » professionnellement je profite de ce break pour réfléchir à la suite. J’accepte aussi diverses sollicitations de journalistes, notamment un entretien sur France Info à l’occasion des Solidays et le tournage d’un documentaire pour le CRIPS.

La Marche des Fiertés LGBT + approche et cette année j’ai envie de marquer le coup. Je veux mettre en avant le concept de « sérofierté », c’est-à-dire déconstruire la honte et les stigmates liés au VIH pour en faire une arme politique d’affirmation de soi. Je m’achète un mini-short rouge très moulant et je fais faire un tee-shirt sur lequel est écrit de face « séropo et clean » et de dos « séropo et fier ».

En prenant le métro dans cette tenue, je dois avouer que j’ai quelques sueurs froides. Je ne m’étais jamais exposé de la sorte en public. Je sens des regards amusés ou interloqués. Arrivé à la marche, je me sens déjà mieux. Ce sera l’une des plus belles marches de ma vie. Le temps est magnifique, plein de gens m’arrêtent pour me parler du message sur mon tee-shirt. D’autres le prennent en photo. Je suis avec ma bande de AIDES, il y a Cédric bien sûr et aussi Antoine, Pierre, Lucas, Irène, Nathan, Dom, Stephan et les autres.

Le lendemain, je réalise l’effet généré par ce tee-shirt. Les photos circulent sur les réseaux sociaux. Beaucoup de gens me félicitent pour cet acte « courageux ». Pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose d’extraordinaire. Je reçois également des attaques de la team premier degré avec des messages du genre « il n’y a pas de quoi être fier d’être malade ».

Je réponds à tout le monde et j’essaie d’expliquer la portée politique de ce message. La réappropriation de la sérophobie. Mais c’est peine perdue, ce sont les mêmes qui ne comprennent pas le concept de fierté LGBTQ ou des luttes féministes ou antiracistes.

Peu importe, je reçois aussi beaucoup de messages de séropos qui me remercient et c’est ça que je retiens avant tout. Ce tee-shirt je ne l’ai jamais lavé et je le garde précieusement. C’est un symbole important dans mon parcours de vie avec le VIH. »