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« Le tumulte autour du livre d’Alice Coffin occulte un point : la majorité de ceux qu’elle dénonce viennent du monde culturel »

Guerre des sexes, combats entre féministes, fracture à gauche… son essai radical « Le Génie lesbien » indigne certains et suscite de la joie chez d’autres.

Publié le 16 octobre 2020 à 01h33, modifié le 16 octobre 2020 à 19h38 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. Le Génie lesbien (Grasset, 240 p., 19 euros) est un livre radical qui indigne certains et suscite de la joie chez d’autres. Son autrice, Alice Coffin, élue écologiste à Paris, est douce quand elle parle des femmes, rude quand il s’agit des hommes et de leur domination. « Qu’ils dégagent », écrit-elle. Cela a le mérite de la clarté. Son livre, qui s’est écoulé à 3 000 exemplaires en quinze jours, relance une guerre des sexes, une autre au sein du féminisme et une troisième, enfin, au sein de la gauche. Soit beaucoup de dégâts que la droite et d’autres peuvent savourer.

Ce tumulte occulte un point. La majorité de ceux que dénonce Alice Coffin ne sont pas des patrons du CAC 40 ou des hommes politiques, ils viennent du monde culturel. La culture, cible privilégiée d’une militante lesbienne, de gauche, c’est surprenant. Mais de l’époque. Pour de nombreux défenseurs des minorités, le combat à mener est moins économique ou social que culturel et identitaire.

Le livre de Lilian Thuram, La Pensée blanche (Ed. Philippe Rey, 320 p., 20 euros), prend la même cible, à la différence majeure que l’auteur prône le dialogue. Alice Coffin, elle, fait un peu penser à Virginie Despentes et à son essai King Kong théorie (Grasset). Mais ce livre devenu best-seller, bien mieux écrit, plus puissant, plus sauvage et plus littéraire – quand Coffin se veut programmatique –, date de 2006 et le mâle y est englobé dans une critique du capitalisme.

Alice Coffin, qui, du reste, vient d’accrocher à son tableau de chasse Christophe Girard, le « M. Culture » de Mme Hidalgo à Paris, tombé pour ses accointances avec l’écrivain et pédophile autoproclamé Gabriel Matzneff, écrit que « les milieux culturels sont les plus réticents à admettre qu’ils ont un problème avec les femmes ». Et puis : « Les artistes font preuve de bien plus de condescendance que des chefs d’entreprise lorsqu’on dénonce leur vision sexiste. »

Clivage violent

Il est vrai que le monde culturel, en portant des formes audacieuses, se croit exemplaire. Il ne l’est pas. Toutes les études montrent que les femmes sont toujours en retrait dans le monde de la culture. Et les solutions à apporter à ce problème traduisent le clivage violent qui traverse le féminisme.

Certaines, majoritaires, se battent pour bousculer ce paysage. Alice Coffin, comme d’autres, estime que le système est si pourri qu’il faut le détruire. Peu importe qu’il y ait du mieux, notamment sous l’impulsion du mouvement #metoo. Donc elle « balance » une douzaine de noms, épingle le « machisme » des maisons d’édition ou la machine à « broyer » qu’est le cinéma, dénonce ceux qui justifient leur programmation avec la notion de « talent » alors qu’ils nomment des hommes « parce qu’ils sont des hommes », pourfend l’universalisme, notion dévoyée par l’homme blanc afin d’imposer toujours plus ses normes esthétiques.

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