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ABC féministe

ABC féministe
Marie Kirschen; photo: Émilie Deville

La journaliste française Marie Kirschen, rédactrice en chef de la revue lesbienne «Well Well Well», présente avec son essai «Herstory» un concentré en forme d'abécédaire des grands débats du mouvement féministe d'hier et d'aujourd'hui. 

Menace lavande

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, de nombreuses lesbiennes étaient confrontées à de la lesbophobie au sein des collectifs. Déjà parce qu’elles étaient complètement invisibilisées : les revendications mises en avant à cette époque, comme la contraception, l’avortement ou la répartition des tâches ménagères, concernaient avant tout les femmes hétéros. Les problèmes spécifiques aux lesbiennes étaient peu discutés. Il leur arrivait aussi d’être confrontées à des remarques lesbophobes. Ainsi, aux États-Unis, Betty Friedan, une des figures majeures de l’époque, parlait carrément des lesbiennes comme d’une «menace lavande». Elle avait peur qu’elles donnent une mauvaise image du mouvement, et voulait les contraindre au placard, voire les exclure! En réaction, en mai 1970, un petit groupe de lesbiennes a organisé un happening lors du deuxième Congrès pour unir les femmes: vêtues de t-shirts «lavender menace», elles ont pris le micro et revendiqué leur légitimité. L’action a été un vrai succès et a contribué à réaffirmer la place des lesbiennes dans les mouvements féministes.
 

Badass

Ce mot est assez intraduisible en français. Il veut à la fois dire «casse-cou» ou «intrépide», et «qui déchire»… Une femme «badass» peut l’être grâce à sa force et à son courage physique, mais aussi parce qu’elle a bataillé pour pouvoir faire ce qu’elle souhaitait. Avoir toute sa place dans des milieux considérés comme «masculins», par exemple. En définitive, ce mot sert surtout à célébrer des femmes courageuses, et c’est pour ça que je l’aime beaucoup.
 

Womanism

Ce terme vient d’un texte d’Alice Walker datant de 1983. L’autrice de La Couleur pourpre l’utilise pour désigner «une féministe noire ou une féministe de couleur». Elle explique qu’il n’est pas question de dire que le womanism est «meilleur» que le féminisme, mais qu’elle l’a choisi «parce qu[’elle] préfère le son, le toucher, la manière dont il lui parle». L’histoire du féminisme a, en effet, été marquée par de nombreux problèmes de racisme en son sein, et certaines femmes peuvent avoir plus de facilité à s’identifier à ce néologisme.
 

TERF

Récemment, on a beaucoup parlé de la transphobie de certaines féministes, les TERF, qui refusent de considérer les femmes trans* comme des femmes. Malheureusement, ces débats ne sont pas nouveaux : dès les années 1970, des discours visant à exclure les femmes trans* des espaces de femmes non-mixtes ont émergé. C’est une blogueuse féministe qui, en 2008, a popularisé le terme de TERF, signifiant «Trans exclusionary radical feminists» («féministes radicales excluant les trans»). Celles qui sont ainsi désignées considèrent généralement qu’il s’agit d’une insulte et d’un discours haineux, mais le but de l’acronyme était simplement de pouvoir distinguer les féministes excluant les femmes trans de celles qui ne les excluent pas.
 

Not all men

Ah, le fameux «pas tous les hommes»! Lorsque vous dénoncez un aspect de la domination masculine, comme par exemple le harcèlement de rue, les viols ou les violences conjugales, il est extrêmement courant qu’un homme estime important d’intervenir pour spécifier que «tous les hommes ne sont pas comme ça». Si cette objection est sacrément agaçante, c’est parce que, non seulement elle enfonce une porte ouverte, mais surtout elle change le sujet de la conversation: plutôt que de trouver des moyens pour combattre ces injustices, on se retrouve à discuter des hommes qui sont des mecs biens, ce qui ne règle vraiment pas le problème. D’où les railleries des féministes contre ceux qui s’empressent de sortir leur carte «not all men»… alors qu’elles aimeraient surtout qu’ils s’empressent de lutter contre le sexisme avec autant de ferveur!
 

Herstory – Histoire(s) des féminismes, Marie Kirschen et Anna Wanda Gogusey, Éditions La Ville brûle.