Avec la Maison Blanche en vue, le couple Buttigieg secoue déjà l'Amérique - Etats-Unis

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Avec la Maison Blanche en vue, le couple Buttigieg secoue déjà l'Amérique

Un baiser sur scène, une couverture de magazine en duo et le récit d'un premier rendez-vous "à l'ancienne", le candidat à la Maison Blanche Pete Buttigieg et son époux Chasten font déjà souffler, en ce tout début de campagne inédite, un profond vent de changement sur l'Amérique.

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Avec la Maison Blanche en vue, le couple Buttigieg secoue déjà l'Amérique
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Mis en ligne le 06/05/2019

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"Cela aurait été inimaginable il y a encore cinq ans", confie Annise Parker, première maire lesbienne d'une grande ville américaine, Houston (Texas), et désormais à la tête de l'organisation Victory Fund qui promeut l'élection de candidats LGBTQ.

Le mariage gay n'est légal à travers les Etats-Unis que depuis juin 2015. Moins de quatre ans plus tard, devant les supporteurs venus assister en avril au lancement de sa campagne, Pete Buttigieg, ex-militaire polyglotte de 37 ans, maire ultra-diplômé de South Bend (Indiana) et premier candidat gay ayant une chance de remporter la primaire présidentielle d'un grand parti, a eu quelques mots de remerciements pour son époux: "A Chasten, mon amour, pour m'avoir donné la force de faire cela et une base assez solide pour être moi-même".

Leur baiser sur scène ce jour-là a fait le tour du monde. Puis ensemble, en chemises claires et pantalons bleus, ils s'affichent cette semaine en couverture du magazine Time, sous le titre "First Family", terme qui désigne aux Etats-Unis la famille présidentielle. "Cela marque un changement radical dans la politique américaine", souligne Brian Powell, professeur de sociologie à l'université de l'Indiana.

Histoire "typique"

Derrière cette image d'une nouvelle Amérique, l'histoire de ce jeune couple a pourtant tout d'une idylle traditionnelle. "A part le fait que nous soyons du même sexe, notre premier rendez-vous a ressemblé à quelque chose que nos parents auraient pu reconnaître comme typique, presque à l'ancienne", écrit Pete Buttigieg dans ses mémoires "Shortest way home".

Après l'avoir rencontré grâce à une application en ligne, Chasten Glezman, 29 ans, l'avait retrouvé en septembre 2015 dans un pub irlandais. Maire depuis 2012, Pete Buttigieg n'avait révélé publiquement son homosexualité que quelques mois auparavant, juste avant la légalisation du mariage gay.

Mariés en juin 2018 dans une église épiscopalienne devant quelque 200 invités, le maire et l'ex-enseignant vivent aujourd'hui dans une maison lumineuse à South Bend. Leur quotidien reflète la réalité de biens des élus et citoyens gays, souligne Annise Parker.

"Mais puisque cette fois il s'agit d'une campagne présidentielle, attirant un volume extraordinaire de couverture médiatique, cela transporte cette image d'un jeune couple marié et heureux chez tous" les Américains. Une "normalisation" qui aura "un profond impact", prédit-elle.

Menace

Croyant et pratiquant, candidat de l'aile modérée du parti démocrate, Pete Buttigieg est perçu par certains à gauche comme trop conservateur. Mais il ne séduit pas pour autant les plus conservateurs, dans un pays où certains commerçants refusent par conviction religieuse leurs services à des homosexuels et où les dites "thérapies de conversion" sont encore pratiquées par endroits.

Pete "Buttigieg dit qu'il est Chrétien et gay. En tant que Chrétien, je crois en la Bible qui définit l'homosexualité comme un pêché, quelque chose dont on doit se repentir", a récemment écrit Franklin Graham, un célèbre évangéliste, sur son compte Twitter aux près de deux millions d'abonnés.

Une partie de l'électorat "pourrait avoir une réaction hostile", reconnaît Peter Hart-Brinson, sociologue à l'université de Wisconsin-Eau Claire. Mais cela ne le "disqualifie pas du tout" de la course, poursuit le professeur qui a vu au fil des ans les mentalités changer, notamment à la faveur des séries télévisées mettant en scène des couples homosexuels.

La "plupart des Américains, et surtout ceux de moins de 45 ans, considèrent simplement l'homosexualité (...) comme partie intégrante de l'identité. L'idée d'un couple homosexuel à la Maison Blanche n'est donc pas différente pour eux que celle d'un couple de Noirs." Cela ne sera "pas un facteur déterminant" pour les électeurs, concordent Brian Powell et Annise Parker. D'autant que le candidat ne place pas son homosexualité au coeur de sa campagne.

"Cela n'est pas conçu pour être politique, c'est juste comme cela que nous sommes", confiait-il récemment sur CBS. Le fait qu'il vive son identité sans se cacher lui permet en tout cas de ne pas donner prises aux militants homophobes qui ont commencé à perturber ses réunions publiques. Ce trentenaire au ton calme, qui a tout du gendre idéal, est une vraie "menace", a estimé l'un de ces perturbateurs auprès de Time. C'est "une immense menace pour ceux qui nous détestent", réagit Annise Parker, "car il est difficile de faire de la discrimination envers quelqu'un avec lequel on se sent aussi proche".

Rédaction avec AFP


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