CEREMONIEPour les Out d'or 2019, qu'est-ce qu'une rédaction engagée pour les LGBT?

Out d'or 2019: AJ+, «Glamour», «L'Equipe»... Qu'est-ce qu'une rédaction engagée pour les LGBT?

CEREMONIEPlusieurs sites ou journaux sont nommés dans la catégorie « Rédaction engagée » aux Out d’or 2019
Image de la Marche des fiertés LGBT à Lyon le 15 juin 2019
Image de la Marche des fiertés LGBT à Lyon le 15 juin 2019 - KONRAD K./SIPA
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Créés en 2017, les Out d’Or distinguent « journalistes, artistes et personnalités qui représentent de manière positive les personnes LGBTI. » La catégorie « Personnalité LGBTI de l’année » était ouverte au vote des internautes et rassemble, notamment, Bilal Hassani, Océan, Chris et Kiddy Smile. La cérémonie de ce mardi soir attribuera également plusieurs prix à des journalistes et médias dans les catégories « Documentaire », « Enquête/reportage », « Podcast » ou encore « Presse étrangère ». Mais la catégorie la plus discutée cette année a sans doute été celle de la « Rédaction engagée ».

Il y a d’abord eu l’absence, dans la liste des nommées, des médias LGBT comme Komitid et Têtu. Cette question a lancé le débat sur la définition de « rédaction engagée ». Les organisateurs des Out d’or, l’association des journalistes LGBT (AJL), ont argué que l’Out d’or de la « rédaction engagée » servait à encourager un titre de presse grand public pour son traitement de l’actualité LGBT « de manière respectueuse » et qu’en ce sens, les médias LGBT étaient hors course.

AJ + et le « pinkwashing »

Mais la catégorie a également été très discutée pour la présence d’AJ + parmi les nommés. Le média en ligne et en français d’Al Jazeera est salué par l’AJL pour avoir « régulièrement mis en avant des thématiques liées aux LGBTIphobies et aux droits des personnes LGBTI dans ses vidéos publiées sur les réseaux sociaux. » Mais le statut de média financé par un état, le Qatar, aux lois homophobes et régulièrement dénoncé par des associations internationales, laisse penser à de nombreux observateurs qu’AJ + est une entreprise de « pinkwashing » de la part du Qatar.

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Kheira Tami, rédactrice en cheffe d’AJ +, a néanmoins reçu avec enthousiasme la nouvelle de cette nomination : « Nous sommes très contents de cette nomination à la rédaction, c’est très gratifiant, après tous nos efforts pour traiter au mieux les sujets LGBTQI. Dès le début d’AJ + en français, comme pour les autres déclinaisons AJ + d’ailleurs, on a voulu être une rédaction inclusive, dont les journalistes viennent de divers milieux sociaux et représentent au mieux la diversité. »

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AJ + a ainsi dédié plusieurs sujets aux questions LGBT. Sur tous les angles ? Pas tout à fait. « On nous reproche souvent de ne pas faire de sujets sur la situation des homosexuels au Qatar, reconnaît Kheira Tami. Mais on ne s’interdit aucun sujet. Seulement, en tant que média en ligne et donc centré sur les réseaux sociaux, nous faisons des sujets sur ce qui est discuté. Si un jour la répression des homosexuels au Qatar devient un sujet, nous le traiterons sans problème. »

Des rédactions inclusives et des sujets « exemplaires »

En attendant que « le sujet monte », la rédaction d’AJ + sera aux Out d’or aux côtés de celle de Glamour, L’Equipe, Numerama et La Marseillaise, toutes nommées pour un ou plusieurs sujets « exemplaires ». Le quotidien sportif est ainsi distingué pour sa une, au mois de mai, montrant deux joueurs de waterpolo gays s’embrassant, dans le cadre d’ un dossier sur l’homophobie dans le sport. La Marseillaise et Glamour sont également nommés pour un ou plusieurs sujets concernant les personnes LGBTI. En revanche, Numerama et AJ + se présentent comme des rédactions inclusives au sens large, et c’est ce qui leur a valu d’être remarquées par les Out d’or. « Les journalistes sont au point sur ces questions-là parce que nous faisons un effort particulier, on travaille en collaboration avec des associations pour, par exemple, ne pas mégenrer certaines personnes trans », explique Kheira Tami.

Mais là encore, l’engagement d’AJ + est observé d’un œil suspect et certains observateurs des médias accusent le média qatari de traiter les questions LGBT pour diviser la société française en suscitant des débats enflammés sur les réseaux sociaux. « C’est absurde, réagit Kheira Tami. Nous n’avons aucun agenda caché et sommes une rédaction libre. On ne demande pas à la BBC ou à France 24 s’ils sont des agents perturbateurs de la situation politique en Afrique. »

Les Out d’or seront décernés mardi soir. Une victoire d’AJ + dans sa catégorie relancerait sans aucun doute le débat.

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