Des manifestants opposés à la PMA pour toutes le 6 octobre 2019 à Paris

Des manifestants opposés à la PMA pour toutes le 6 octobre 2019 à Paris.

afp.com/Lucas BARIOULET

C'est une règle bien connue des sondeurs : les réponses dépendent souvent de la formulation des questions. C'est ce que l'on observe notamment avec la PMA. Les Français sont-ils favorables à l'extension de la procréation médicalement assistée aux femmes lesbiennes et célibataires ? Tout dépend de la manière dont on les interroge... et du commanditaire de l'étude.

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"Personnellement, seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt défavorable ou tout à fait défavorable à ce que les couples de femmes et les femmes célibataires désirant un enfant puissent avoir recours à l'insémination artificielle (ce qu'on appelle aussi la PMA) pour avoir un enfant ?" Lorsque l'on insiste sur un "droit" qu'il s'agit d'étendre à une catégorie de Français qui en est aujourd'hui privée, l'opinion dit "oui". A 65 % pour les couples de lesbiennes, à 68 % pour les femmes célibataires, comme l'indique un sondage Ifop réalisé pour CNews et Sud Radio en septembre 2019.

Tout change lorsque, à l'initiative de la Manif pour tous, le même institut demande en juin de la même année: "Pensez-vous que les enfants nés par PMA ont le droit d'avoir un père et une mère ?" Cette fois, ce n'est pas le droit de l'adulte qui est mis en avant, mais l'intérêt supposé de l'enfant. Dans ce cas, la réponse est massivement "oui", à 83 %. Par déduction, certains en tirent la conclusion que les sondés ne sont pas favorables à l'élargissement de la PMA [Bien qu'ils ne répondent pas expressément à la question: "êtes vous pour ou contre la PMA pour toutes", NDLR].

La formulation des questions joue sur les résultats

Alors, les Français sont-ils pour ou contre la mesure ? Difficile de répondre clairement à cette question. Comme le dit Jérôme Fourquet, le directeur de l'Ifop : "Lorsque l'on croise les différentes questions, dont la formulation joue beaucoup en effet sur la teneur des résultats des études d'opinion, on se rend compte que plus de 60 % des Français sont favorables au droit des femmes à accéder à la PMA. Mais 60 % [erreur de chiffre qui ne modifie en rien l'analyse] d'entre eux également considèrent qu'un enfant a droit à avoir un père et une mère!".

Cette ambivalence n'empêche évidemment pas chacun des deux camps de mettre en avant l'enquête qui l'arrange. Une attitude dont il n'est pas inutile d'avoir conscience alors que le texte est encore loin d'avoir terminé son marathon parlementaire.

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