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Angleterre : pourquoi la BBC prend ses distances avec une influente association LGBT
Manifestation LGBT à Londres en juillet 2018.
NurPhoto via AFP

Angleterre : pourquoi la BBC prend ses distances avec une influente association LGBT

Activisme trans

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La station britannique annonce mettre un terme à des programmes de promotion de l’inclusivité des LGBT, portés par l'association Stonewall, au motif qu’ils auraient pu exercer une influence sur la ligne éditoriale et le travail des journalistes.

La plus importante chaîne de radiodiffusion britannique a annoncé le 10 novembre 2021 dans un communiqué, qu’elle mettait fin à sa participation au programme « Champions de la diversité » et à l’index « Égalité au travail » pilotés par la très influente association caritative LGBT Stonewall.

Dans le cadre de ces programmes, la BBC payait l'organisation pour conseiller et évaluer la mise en place de « lieux de travail inclusifs », notamment en édictant des guides pratiques pour « transformer un environnement de travail en un lieu où chaque employé s'épanouit ».

Association ou lobby ?

Inclusif ? Certes. Mais jusqu’à l’intrusif ? C’est autrement plus problématique. Le directeur général du diffuseur national, Tim Davie, a déclaré qu’il était « incontestable » que la participation continue à ces programmes « a conduit certains à se demander si la BBC peut être impartiale lors de ses reportages sur les débats de politiques publiques où Stonewall jour un rôle actif ».

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Dans son communiqué, la BBC affirme tout de même souhaiter continuer « à travailler avec l’association à l’avenir » et maintient « s’engager en faveur de l’inclusion LGBTQ+ ». Elle ajoute cependant : « Faire partie du programme des "Champions de la diversité" n'a jamais obligé la BBC à soutenir les campagnes de Stonewall, ni ses positions politiques. En tant que diffuseur, nous avons nos propres valeurs et normes éditoriales – celles-ci sont clairement définies et publiées dans nos directives. Nous sommes également régis par la Charte royale et le code de la radiodiffusion de l'Ofcom (N.D.L.R : l’autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni). Nos journalistes continuent, comme toujours, à rapporter une gamme complète de points de vue sur les histoires. »

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Stonewall se gargarise sur son site du fait que plus de 900 organisations adhèrent au programme « Champions de la diversité » à travers le Royaume-Uni. Mais depuis quelques mois maintenant, le poids de l’association est remis en cause et son influence controversée. Certains, comme la journaliste Sonia Sodha, dénoncent le fait que « l’association a le pouvoir de faire taire les femmes critiques en matière de genre de peur d'être accusées à tort de discours de haine ».

Des organismes tels l’Ofcom, la Commission pour l'égalité des droits de l'homme, le Bureau de l'égalité, le ministère de la Justice du gouvernement ou encore la chaîne de télévision Channel 4, ont également exprimé leur volonté de se retirer des programmes proposés par Stonewall.

Une série de podcasts à l’origine de l’affaire

L’affaire avait commencé à agiter l’actualité après la publication d’une enquête en podcast réalisée par la BBC d’Irlande du nord et publiée mi-octobre 2021. Cette investigation, menée par le journaliste Stephen Nolan, pointait notamment l’influence prépondérante de Stonewall et la pression que ses programmes auraient pu exercer sur le travail des organismes. Sur les questions de genre et de sexe, le podcast révèle notamment qu’un guide signé par BBC News, établit une norme de langage à adopter dans ses contenus, comme la définition que fait Stonewall de l'homosexualité .

Après un travail de 18 mois, le podcast a été mis en ligne sur Spotify et il dénonce les possibles conflits d’intérêts et la partialité des médias faisant appel aux programmes de Stonewall.

Un débat brûlant au Royaume-Uni

Cette annonce est une petite révolution outre-Manche dans un contexte politique où les questions de l’« activisme trans » et de l’auto-identification de genre fracturent l’opinion publique.

Selon le journal The Guardian, la question de la couverture des droits trans divise également la rédaction de la BBC depuis un certain temps. De nombreux membres du personnel, souvent plus jeunes, pensent que le débat sur le sujet n’a pas lieu d’être, alors que les plus âgés estiment que des opinions critiques en matière de genre doivent pouvoir être exprimées pour répondre aux exigences d'impartialité.

Les deux principaux partis du Royaume-Uni ont également dû se positionner sur la question. Alors que les travaillistes épousent la cause du Trans-activisme, les conservateurs se montrent quant à eux plus prudents sans pour autant se placer en opposition frontale.

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