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Alexis Patri , modifié à
La chanteuse Pomme, ouvertement lesbienne, n'hésite pas à s'engager pour les droits des personnes LGBT dans ses chansons. Invitée de "Culture Médias", elle explique au micro de Philippe Vandel ce que raconte et comment elle a écrit son titre "Grandiose", né du manque de représentation des femmes lesbiennes dont elle a souffert.
INTERVIEW

"Depuis que je n'ai pas le droit, je veux un enfant dans le ventre." Ces paroles issues du titre de la chanteuse Pomme "Grandiose", ont donné lieu à de nombreuses interprétations. Invitée de l'émission "Culture Médias", l'artiste ouvertement lesbienne a expliqué à Philippe Vandel dans quel contexte elle a écrit cette chanson et ce qu'elle avait en tête à ce moment-là. L'occasion pour elle de partager son sentiment sur la place des femmes lesbiennes dans l'industrie musicale. Présent sur son deuxième album Les failles, sorti en novembre 2019, son titre "Grandiose" a été composé il y a plusieurs années. 

"C'est une chanson que j'ai écrite trois jours après Noël, en 2017", se souvient l'auteure-compositeure de 24 ans. "C'est une période où je me sens toujours un peu patraque, parce que c'est un moment de rassemblement de famille. Bien que j'ai une famille, je ne me suis jamais trop identifiée au modèle classique de la famille. Cette chanson parle de cette complexité de concilier des envies d'enfants et le fait de ne pas se retrouver dans le modèle proposé par la société."

Du manque de représentation des lesbiennes

Contrairement à ce que beaucoup ont imaginé à l'écoute de la chanson, ce n'est pas directement le contexte législatif autour de la loi bioéthique qui a inspiré Pomme au moment de l'écriture de "Grandiose", comme elle le précise au micro d'Europe 1. "Le texte n'avait rien à voir avec la PMA et le 'vrai' droit. La chanson a été associée à cela parce qu'elle est sortie en plein dans les débats sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes", admet l'artiste qui a publié le 30 août le clip de ce titre.

Mais "j'ai plutôt écrit ça dans l'idée d'un droit moral que je m'octroie à moi-même. Je me disais que ce n'était pas habituel de faire un enfant seule ou avec une autre femme. Que je n'avais pas d'exemple. Or, pour parler de représentation, c'est hyper important quand on grandit d'avoir des exemples de gens qui nous ressemblent. Parce que sinon, on a l'impression de ne pas avoir accès à certaines choses."

Pomme rappelle également qu'en France, "beaucoup de gens se font tabasser dans la rue parce qu'ils se tiennent la main et sont deux hommes ou deux femmes, beaucoup de gens ont peur". Des manifestations d'homophobie et de lesbophobie qui sont liées, aussi, au manque de représentation.

"Toute la société n'est pas encore gay-friendly"

Interrogée sur sa volonté que davantage de place soit faite aux femmes lesbiennes dans l'industrie musicale, la chanteuse précise : "Entre artistes, c'est peut-être accepté, mais avec les labels, les directeurs artistiques, les gens qui s'occupent de l'image des artistes, c'est encore compliqué. Parce que toute la société n'est pas encore 'gay-friendly'. Ce sont des choses à déconstruire, encore aujourd’hui." 

La chanson "Grandiose" fait partie des titres que Pomme jouera sur scène en novembre pour deux dates parisiennes déjà complètes, et en 2021 pour une tournée dont les contours restent à préciser. La faute à la crise sanitaire. Mais la chanteuse promet de donner des informations précises "dans les prochaines semaines" sur son compte Instagram. "L'avantage c'est que, avec la musique que je fais, je peux jouer devant des salles assises", explique l'artiste, qui s'estime chanceuse de pouvoir continuer les concerts.