C’est son havre de paix, dans un Paris qui l’a longtemps oppressée. Un lieu peut-être qui lui rappelle le Québec, et là où elle peut se laisser aller à ses observations d’arbres, d’oiseaux et de renards, comme elle le fait en forêt. La chanteuse Pomme, alias Claire Pommet de son nom civil, donne rendez-vous à deux pas du cimetière du Père-Lachaise. « Je viens souvent m’y ressourcer : c’est un endroit qui m’apaise, avec une verdure et une biodiversité rares ici », raconte l’artiste de 26 ans. Pomme aime les refuges, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle a voulu penser chacune des chansons de son troisième album, Consolation, sorti le 26 août et salué par la critique.
Il en faut bien des refuges, dans la tempête portée par une partie de sa génération, déterminée à tout dynamiter sur son passage. A travers la poésie de ses titres et dans ses prises de parole, Pomme incarne une jeunesse qui veut faire bouger les lignes du genre, de la sexualité, de l’amour et qui appelle à un soubresaut écologique et social. « Je fais partie d’une génération qui a décidé d’arrêter de faire les choses par habitude ou parce qu’on lui a appris que la vie était tracée ainsi », résume-t-elle. Et de s’autoriser à chercher sa place hors des cases socialement préétablies, même si la quête est parfois angoissante.
Une grande sensibilité
Petite, Claire Pommet s’imaginait plus tard avec « un mari, un chien, des gosses et un monospace ». En tant que jeune fille, cela semble « l’unique solution » qui lui est proposée, « la base ». Au fond, pourtant, elle sent toujours qu’elle sort du cadre, au sein de sa famille à l’éducation petite bourgeoise et catholique, dans la banlieue lyonnaise. Une enfant « inadéquate » en toutes circonstances, dont on regarde la grande sensibilité avec circonspection et inquiétude. Dans son nouvel album, l’enfance est un matériau central. Toujours ambivalent, entre « douceur » et « violence », mais dont elle cherche ici à puiser la dimension réconfortante.
Pomme signe, en effet, un disque plus apaisé, après une exposition à vif de ses angoisses dans Les Failles, qui lui valut deux Victoires de la musique. « Je me sens mieux dans ma peau, plus à ma place, grâce à mon entourage, avec qui j’ai cheminé, mais aussi au succès de mon dernier album. Je suis toujours anxieuse mais davantage en paix avec moi-même », explique la chanteuse, qui tient depuis toujours à livrer une parole décomplexée sur la santé mentale et sur l’anxiété qui l’habite, devenue désormais une compagne « familière ».
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